Poker menteur autour de l'introduction en Bourse de Canal Plus

Je suis enthousiaste, très fier et très heureux », a déclaré jeudi Bertrand Meheut en lançant le processus d'introduction en Bourse de Canal Plus France. « L'entreprise est totalement mobilisée, et nous sommes déterminés pour que ce processus voit le jour. » Une cotation « peut donner la flexibilité pour des acquisitions, même si aujourd'hui nous n'en avons pas besoin », a souligné le patron de la chaîne cryptée. Mais cette cotation pourrait bien ne jamais avoir lieu, si Lagardèrerave;re trouve in extremis un accord avec Vivendi sur un prix de vente de ses 20 %. Un tel accord pourrait intervenir entre la fixation de la fourchette de valorisation (attendue pour le 24 ou 25 mars) et la première cotation (prévue pour début avril). La valorisation en Bourse devrait subir une décote vu le faible flottant (20 %). Vivendi peut donc plutôt avoir intérêt à ramasser des titres en Bourse après la cotation. Mais l'action peut aussi flamber sur le marché, si les investisseurs spéculent sur un rachat par Vivendi. C'est ce qui était arrivé avec Neuf Cegetel, que SFR avait refusé d'acheter avant son introduction en Bourse, mais avait finalement dû racheter 60 % plus cher un an et demi plus tard.Pour motiver les principaux dirigeants de Canal, Lagardèrerave;re a promis de leur verser, si la cotation va à son terme, une prime exceptionnelle de 2 millions d'euros minimum, dont 300.000 euros bruts pour Bertrand Meheut, et 170.000 euros pour son bras droit Rodolphe Belmer. Le coût des programmesEn tous cas, le lancement du processus permet de connaître en détail les résultats de Canal. La chaîne a notamment dévoilé la ventilation de ses coûts de programmes : 642 millions d'euros pour le sport (dont les trois quarts pour la Ligue 1) ; 782 millions pour les films, les séries et le flux ; et 359 millions de reversements aux chaînes tierces. Autre découverte : l'ADSL est devenu l'an dernier le premier canal de conquête d'abonnés, avec 50 % des recrutements. Il apparaît aussi que, si le nombre d'abonnés est en croissance, cela est dû aux Dom Tom et à l'Afrique, qui compensent le recul de la métropole (cf. graphe). Canal indique que les recrutements en métropole « ont connu un net ralentissement au 1er semestre 2009 », en raison de la crise, et « d'une baisse très marquée des ventes aux abonnés d'Orange », avec qui la guerre battait alors son plein. En revanche, Bertrand Meheut a refusé de distinguer le nombre d'abonnés à Canal Plus et à CanalSat, mais a toutefois assuré que l'un comme l'autre ont progressé en 2010, et que CanalSat recrutait en métropole 600.000 clients par an (hors désabonnements).des « Canal Stores » dès 2011 ?Pour 2011, Canal Plus France prévoit un excédent brut d'exploitation de plus de 800 millions d'euros, sur un chiffre d'affaires en hausse de 2 %. La chaîne envisage d'ouvrir dès cette année ses propres magasins baptisés « Canal Store ». D'ici fin 2012, elle veut aussi doter tous ses abonnés via satellite d'un nouveau décodeur accédant à Internet. Et d'ici 2013, elle compte proposer plus de 50 chaînes en haute définition, contre 15 actuellement. En revanche, Bertrand Meheut exclut tout rapprochement avec SFR: « c'est une illusion ou un fantasme. Il est hors de question de limiter notre distribution en ADSL au seul SFR ». Enfin, il a refusé de s'exprimer sur sa future politique de dividende. Jusqu'à présent, les accords avec Lagardèrerave;re prévoyaient que Canal Plus France ne verse pas de dividende, ce qui lui a permis d'accumuler une trésorerie nette d'un milliard d'euros. Mais ces accords deviendront caduques en cas de cotation.
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