Les pays européens cherchent à emprunter à plus long terme

Confrontés cette année à des émissions de dette massives et des déficits budgétaires en hausse, les pays européens tentent de diminuer leur coût d'emprunt en privilégiant les maturités plus longues. Alors que John Corrigan, le directeur de l'agence nationale de la dette irlandaise, a estimé vendredi que le pays pourrait émettre pour la première fois de son histoire des emprunts à 30 ans, sa consoeur belge Anne Leclercq a à son tour évoqué ce mardi la possibilité d'une réintroduction de cette échéance dès le mois de juin. Il s'agirait d'une première pour la Belgique depuis l'émission en mai 2004 d'obligations arrivant à maturité en mars 2035.« La différence de rendement entre les emprunts à 2 ans et les emprunts à 10 ans est aujourd'hui très importante, alors qu'elle est nettement plus limitée au-delà de cette échéance et quasiment nulle entre les maturités 20 ans et 30 ans. On est par ailleurs dans un environnement de très bas taux d'intérêts », explique René Defossez, strat égiste taux chez Natixis. Dans le cas de la Belgique, les taux à 2 ans ont ainsi baissé de 30 points de base depuis le début de l'année, à 1,05 %, tandis ceux à 10 ans n'ont diminué que de 9 points, à 3,61 %. Dans le même temps, le rendement exigé par les investisseurs sur ses obligations à 30 ans a baissé de 27 points de base, à 4,22 %. « Le rendement absolu de nos obligations à 30 ans est assez attractif », a souligné Anne Leclercq dans un entretien accordé à Bloomberg.candidats sérieuxCes conditions favorables ont d'ores et déjà conduit les pays européens à émettre des montants conséquents depuis le début de l'année. Mercredi dernier, la France a ainsi placé avec succès 5 milliards d'euros de titres d'échéance 50 ans pour la première fois depuis 2005. L'Agence France Trésor a émis 24,5 % des 55,8 milliards d'euros de dette placés en 2010 à des maturités supérieures ou égales à 15 ans, contre 18,4 % à la même période de l'an dernier. Sur les deux premiers mois de l'année, 12,5 % des émissions des 12 plus grands pays de la zone euro ont été réalisées à des maturités de 15 ans et plus, à 26 milliards d'euros, selon les données d'UniCredit.La capacité à emprunter à long terme n'est cependant pas offerte à tous les pays. « Pour émettre à très long terme, un pays doit avoir une signature de très grande qualité. Sinon les investisseurs ne peuvent prendre un risque sur une aussi longue période », souligne René Defossez. De ce point de vue, la Belgique et l'Irlande sont des candidats sérieux, avec des notations financières respectives de AA+ et AA chez Standard & Poor's. Les deux pays se sont en outre solidement engagés sur la voie de l'assainissement budgétaire. 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.