Le procès Kerviel slalome entre la technique et le fictif

Huitième journée d'audience, ce jeudi, dans le procès de Jérôme Kerviel. L'ancien trader est confronté à Marine Autain, dont la mission au « middle office » de la Société Généralecute; Générale était de résoudre les « écarts de méthode » entre les résultats comptable et économique des opérations du desk Delta One, où travaillait Kerviel. « Il avait des écarts de méthode croissants, mais il arrivait à les justifier », raconte-t-elle, ajoutant qu'elle n'a « jamais pensé à une fraude » : « à l'époque on travaillait dans un climat de confiance ». D'autant que « Kerviel était très coopératif, il cherchait à comprendre ce qui pouvait poser problème », allant jusqu'à lui promettre du champagne. Le président, Dominique Pauthe, l'interroge sur un e-mail qu'elle a adressé à des supérieurs de Kerviel pour évoquer des « opérations fictives » sur son périmètre. « Si je devais le réécrire aujourd'hui j'utiliserais plutôt le terme « technique », car l'opération était justifiée par le besoin d'ajuster un écart », explique-t-elle. Ce glissement sémantique interpelle Me Metzner, qui la fait slalomer entre la technique et le fictif, présentant comme ambiguë l'introduction de « fausses opérations » dans le système pour pallier ses « défaillances ». « Mon client est poursuivi pour avoir introduit des informations frauduleuses, mais si elles sont techniques, il n'y a pas de délit », argumente l'avocat de Kerviel, sans sembler impressionner la cour. « tous coupables ! »Interrogée sur les affirmations de Kerviel selon lesquelles ses explications « extravagantes » ne visaient qu'à « préserver les apparences », elle dément en bloc : « Je ne pense pas être complètement neuneu. »Le temps va ensuite se gâter pour la banque, mise en cause pour ses erreurs par deux professeurs de l'université Paris-2. Dans une déposition aux accents dignes d'Arletty, Catherine Lubochinsky, qui dirige le Master de finance, égaye l'atmosphère. « Ils sont tous coupables ! », lance-t-elle quand le président lui demande de faire la part du feu entre Kerviel et la banque. « Les contrôles n'ont pas fonctionné, comme l'a montré le travail remarquable de la Commission bancaire », qui a infligé à la Société Généralecute; Générale un blâme et 4 millions d'euros d'amende. Pour elle, « Kerviel aurait dû être sorti de la salle des marchés quand il a été pris sur le fait la première fois ». L'homme a « perdu la notion de la réalit頻, pris d'un « excès de confiance », pense-t-elle « à titre très personnel ». Spécialiste des produits dérivés, Jean-Hubert Blanchet nuance quant à lui les torts au sein de la hiérarchie de Kerviel : « on ne peut pas demander le même niveau de surveillance au lieutenant et au général ». Les supérieurs N+1 à N+3 de Kerviel seront justement entendus lundi.
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