La revanche de Berlin sur Dublin

Certes, l'atmosphère outre-Rhin est loin d'être, dans cette crise irlandaise, aussi délétère que durant la crise grecque au printemps. Pas vraiment de « Irish Bashing » dans la presse allemande, même si le quotidien populaire « Bild Zeitung » pose l'inévitable question : « combien l'Irlande va-t-elle nous coûter ? » Pourtant, le climat n'est pas au beau fixe entre Dublin et Berlin. Les critiques du gouvernement irlandais envers l'Allemagne n'ont pas été bien accueillies et deux députés du parti d'Angela Merkel, la CDU, exigent que l'île verte relève son taux d'impôt sur les sociétés, qui, à 12,5 %, est un des plus bas d'Europe. Cette exigence a un goût de revanche pour le Goliath allemand face au David insulaire. Au début des années 2000, en effet, alors que l'Allemagne était « l'homme malade » de l'économie européenne, le dynamisme et la faible fiscalité du « Tigre celtique » avait attiré plus d'une entreprise allemande. Nombreux contentieuxUne récente enquête de la chambre de commerce germano-irlandaise a cependant montré que le taux d'imposition n'était pas le premier critère d'implantation pour les entreprises allemandes, mais la classe politique allemande ne semble pas de cet avis. D'autant que les contentieux sont nombreux. Fin octobre, par exemple, la compagnie aérienne irlandaise Ryanair avait fait scandale en réduisant d'un quart ses vols vers l'Allemagne en raison de la nouvelle taxe sur le trafic aérien adoptée par Berlin dans son plan de rigueur. Mais la pomme de discorde entre Berlin et Dublin reste Hypo Real Estate. La banque munichoise, sauvée de la faillite par la nationalisation, avait délocalisé sa principale filiale, Depfa, en Irlande. Or, c'est Depfa qui a provoqué l'effondrement de l'établissement. En 2008, Dublin avait laissé l'Allemagne sauver la banque sans bouger. Or, la commission d'enquête du Bundestag a, par la suite, pointé du doigt les manques de la surveillance bancaire irlandaise dans cette affaire. Les députés allemands ne l'ont certainement pas oublié. Romaric Godin, à Francfort
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