Le regard politique d'Hélène Fontanaud : Un match droite-gauche au son des vuvuzelas

Notre helvétique homonyme La Tribune de Genève a révélé cette semaine une information qui risque de faire du bruit. Des syndicalistes français auraient commandé en grand nombre des vuvuzelas, ces trompettes en plastique colorées mais assourdissantes qui accompagnent les matchs de la Coupe du Monde de football, en Afrique du Sud. Leur bourdonnement peut atteindre 127 décibels, dépassant le niveau sonore d'un marteau piqueur s'ils sont placés à moins de cinq mètres des oreilles. Ce qui entraîne des risques pour l'audition. Mais il semble bien que, concernant la réforme des retraites, les syndicats, qui mobilisent à nouveau le 24 juin, estiment que le gouvernement pratique le dialogue de sourds. D'où l'achat massif de vuvuzelas pour bombarder l'Elysée, Matignon et le ministère du Travail à coups de décibels. Un enjeu double pour Nicolas SarkozyOn ne sait pas encore si, dans la bataille qui s'engage entre l'exécutif d'un côté, l'opposition et les syndicats de l'autre, les vuvuzelas seront à la contestation ce que les concerts de casseroles furent autrefois aux manifestations chiliennes et argentines. Mais on sait déjà que l'affrontement qui se dessine sera un match droite-gauche acharné, à moins de deux ans de l'élection présidentielle. Soyons francs, les deux principaux acteurs du combat qui s'engage ont tout à gagner dans cette bipolarisation. Même si pour Nicolas Sarkozy, l'enjeu est double : il lui faut endosser peu à peu les habits de président « protecteur » de sa future campagne de 2012 tout en ne décevant pas le noyau dur de son électorat, notamment attaché aux promesses de non-augmentation des impôts. Le leadership à gaucheLe chef de l'Etat s'est donc posé en arbitre entre les jusqu'au-boutistes de sa majorité qui voulaient repousser l'âge légal de départ à la retraite à 63 ou même 65 ans et la gauche, qui réclame le maintien de la retraite à 60 ans, un acquis social des années Mitterrand. Mais Nicolas Sarkozy trouve face à lui une Martine Aubry décidée à conquérir le leadership à gauche. Dominique Strauss-Kahn a trébuché sur cette question de la retraite à 60 ans, fournissant à la patronne du PS l'occasion d'incarner la révolte face à une réforme des retraites qu'elle a qualifiée « d'irresponsable » et « d'injuste ». Dans le camp de Nicolas Sarkozy, on veut croire que les Français sont « résignés » à l'allongement de la durée de la vie au travail. Dans le camp de Martine Aubry, on veut croire que les Français repousseront dans la rue une réforme que la gauche combattra à l'Assemblée à l'automne. Ou, au pire, qu'ils la sanctionneront dans les urnes en 2012. Et que ce « marqueur » du quinquennat disparaîtra à terme, sans tambours... ni trompettes.
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