La sécheresse relance les craintes d'inflation en Russie

Après l'accalmie sur le front des incendies, les préoccupations des Russes se portent sur les conséquences de la pénurie de céréales sur les prix à la consommation. Bien que les officiels russes ne cessent de répéter qu'il n'y a pas de raison objective à une hausse des prix alimentaires, l'inflation est visible partout. L'agence antimonopole russe a pesté lundi contre « ces acteurs du marché » qui utilisent la sécheresse pour augmenter de 20 % le prix du pain. Dans la foulée, le premier ministre Vladimir Poutine se fait menaçant  : «  les acteurs malhonnêtes doivent comprendre qu'ils ont intérêt à respecter la loi, sinon les amendes qu'ils devront payer dépasseront de très loin les profits réalisés via la spéculation. » Le gouvernement a toutefois exclu de revenir à une pratique soviétique consistant à fixer le prix du pain. Les milieux d'affaires renâclent, eux, vis-à-vis de la pratique traditionnelle de faire porter le chapeau aux « spéculateurs ». « Les prix sont restés artificiellement bas ces deux dernières années. Il est parfaitement normal qu'un cataclysme de cette ampleur se répercute sur les prix », estime Tatiana Bobrovskaïa, analyste chez le négociant russe BKC. Réaction en chaîneUne réaction en chaîne est à prévoir puisque le déficit de fourrage se répercute notamment sur le prix de la viande. Le patron du principal syndicat des producteurs de céréales Ivan Obolentsev estime qu'il est probable que l'inflation des prix des céréales « tire à la hausse l'ensemble des produits alimentaires » même « s'il est impossible de donner un chiffre précis de la récolte 2010 étant donné qu'elle n'est pas achevée ». Le ministère russe de l'Agriculture prévoit désormais une récolte de 60 millions de tonnes de céréales cette année contre 90  millions de tonnes espérés avant la sécheresse. « Le gouvernement avait tablé sur une inflation de 6 % », explique l'économiste Evseï Gourvitch. « Depuis la sécheresse, je pense qu'il faut se battre pour la contenir à 8 % », ajoutant que la croissance du PIB (4 % en 2010, selon le ministère de l'économie) pourrait s'en trouver ralentie. La production industrielle a aussi subi les effets de la chaleur avec une chute en glissement annuel de 9,7 % en juin et de 6 % en juillet. « La vague de chaleur a touché l'ensemble des secteurs industriels. La croissance ne reviendra pas avant le retour à des conditions normales », estime Alexeï Moïseïev, analyste chez Renaissance Capital.
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