L'industrie papetière suédoise fournit un carburant alternatif

À la tête d'un groupement d'industriels qui compte notamment dans ses rangs le pétrolier Total, le constructeur scandinave de poids lourds entend jouer la carte de la « liqueur noire » dans la course au développement des carburants « verts ».Sous-produit de l'industrie papetière, la liqueur noire est un concentré de biomasse obtenu lors de la transformation du bois en papier. Au cours de ce processus, les deux principaux constituants du bois que sont la lignite et la cellulose sont séparés, la première étant extraite de la seconde. C'est lors de cette extraction que se forme la liqueur noire.Mais, alors qu'elle était brûlée jusqu'ici, la liqueur noire est en passe de connaître un autre sort. Chemrec, une société suédoise spécialisée dans la production d'agrocarburants et à laquelle Volvo Trucks s'est associée, a en effet développé un procédé permettant de la transformer en DME (dyméthyl éther), un gaz de synthèse.Si le DME existe depuis longtemps, notamment dans le cosmétique où il est utilisé comme gaz propulseur dans les aérosols, sa fabrication à partie de liqueur noire est inédite.Or, estime Volvo Trucks, le DME fabriqué à partir de liqueur noire - appelé bio-DME, car produit à partir de biomasse - est à même, en tant que biocarburant, de remettre en cause l'hégémonie du gazole auprès des véhicules Diesel. À commencer par les poids lourds. Le directeur des affaires environnementales de Volvo Trucks, Lars Mårtensson, juge ainsi que le bio-DME pourrait « remplacer environ la moitié du gazole que l'on utilise pour les véhicules lourds ».Deux arguments de poidsPour atteindre cet objectif, le bio-DME a, selon lui, deux arguments de poids à faire valoir. Le premier a trait à l'impact environnemental. « Le bio-DME provient de matières premières renouvelables, ce qui se traduit par des émissions de CO2 inférieures de 95 % par rapport à celles du gazole », assure-t-il. Surtout, poursuit-il, il affiche un « rendement énergétique très élevé », comparable à celui du gazole, mais loin devant celui d'autres biocarburants comme l'éthanol ou le biodiesel.Reste au bio-DME à trouver une vitesse de croisière. L'inauguration par Chemrec, le mois dernier à Piteå (nord de la Suède), d'une usine pilote produisant du bio-DME à partir de liqueur noire - pour un coût de 15 millions d'euros -, doit permettre de jeter les bases d'une future production commerciale.L'enjeu est considérable : au sein de l'Union européenne, le secteur des transports représente le quart des émissions de gaz à effet de serre.
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