Rajoy enterre le pacte fiscal de la Catalogne

« S\'obstiner sur une voie sans issue n\'a pas de sens. » C\'est ainsi que le président du gouvernement catalan Artur Mas a enterré son pacte fiscal après une réunion avec le premier ministre espagnol, au cours de laquelle Mariano Rajoy lui aurait expliqué qu\'il «n\'y a pas de marge» pour l\'ouverture de telles négociations. Le dirigeant catalan s\'était rendu à Madrid pour discuter d\'un nouveau modèle de financement qui permettrait à la Catalogne de collecter et gérer seule les impôts perçus sur son territoire, et de limiter les apports fiscaux vers l\'Espagne. Mercredi, avant même la réunion, Mas avait signé un accord avec les provinces catalanes sur la création d\'un guichet fiscal unique, sorte d\'« embryon » de fisc catalan, d\'après le politique.Préalable à l\'indépendancePour Mas, le Pacte social était un préalable à l\'indépendance de la région, plébiscitée par des centaines de milliers de personnes dans les rues de Barcelone le 11 septembre dernier. Après l\'échec de la réunion avec Rajoy, la presse espagnole affirme qu\'il pourrait convoquer cet automne des élections anticipées afin de capitaliser les velléités indépendantistes déçues des électeurs.Le rejet du Pacte fiscal pourrait inquiéter les patrons catalans, qui dans leur ensemble appuyaient l\'initiative. Ainsi, mercredi, l\'organisation patronale des PME catalane (Pimec) et la Chambre de Commerce de Barcelone avaient émis un communiqué dans lequel elles espéraient que le dialogue entre Rajoy et Mas déboucherait sur « un processus de dialogue [...] qui aboutisse à un nouveau Pacte fiscal ».Contributrice netteEn effet, d\'aucuns estiment pâtir du modèle de financement actuel au sein duquel la Catalogne est contributrice nette aux recettes nationales : d\'après le gouvernement régional, dans la balance fiscale entre la Catalogne et l\'Espagne, la région est déficitaire de 8% de son PIB.« Ce déséquilibre entre Catalogne et Espagne est préjudiciable aux entrepreneurs catalans. Nous avons besoin d\'un environnement propice au développement de nos affaires, avec, par exemple, des infrastructures de qualité, ce qui implique que les administrations publiques soient bien financées », explique un porte-parole de Foment del Treball, le Medef catalan.Si le Pacte fiscal emporte l\'adhésion, il n\'en va pas de même pour l\'indépendance. Sur cette question, les patrons restent discrets. « Nous appuierons la décision de la majorité des citoyens », élude-t-on à Foment del Treball.Des conséquences négatives sur les entreprisesD\'un point de vue économique, les conséquences d\'une telle séparation pourraient peser négativement sur les entreprises. En effet, en sortant de l\'Union européenne, effet immédiat d\'une sécession, certains analystes estiment que le PIB catalan chuterait de 25% à 30%, notamment du fait des barrières douanières, de la sortie de l\'euro mais aussi de l\'impact sur les relations commerciales avec l\'Espagne. Près de la moitié des ventes catalanes hors de la région sont destinées à l\'Espagne.A l\'opposé, la Fondation Catdem, liée au parti Convergencia Democratica de Catalunya (CDC, membre indépendantiste de la coalition CiU, dirigée par Artur Mas), estime qu\'une Catalogne indépendante serait viable, bénéficierait de la suppression des transferts à l\'Espagne, que le PIB catalan par tête serait 9% supérieur à la moyenne de l\'UE.
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