La gestion financière de l'épargne d'entreprise s'adapte à la crise

Épargne salarialeSi les encours ont continué à progresser en épargne d'entreprise malgré la crise (voir graphique), les épargnants se sont toutefois orientés massivement vers les fonds monétaires en ce qui concerne les nouveaux flux collectés. Dans l'ensemble, les investisseurs n'ont pas paniqué, mais un certain nombre d'ajustements ont été réclamés. « Des clients ont demandé de suspendre les mécanismes de désensibilisation qui intervenaient au plus mauvais moment dans les Perco [plan d'épargne pour la retraite collectif], indique Éric Caudron, directeur général de Gérer S2E. Cela prouve les limites des systèmes de gestion pilotés et devrait conduire les acteurs à mettre en avant davantage de gestion individualisée. »Les acteurs proposent en effet traditionnellement, dans le cadre de l'épargne retraite, des fonds à horizon investis massivement en actions en début de période, puis progressivement désensibilisés afin d'être investis uniquement en monétaire au moment du départ à la retraite. Si ce mécanisme est théoriquement le plus avantageux pour se constituer une épargne retraite, il apparaît peu opportun de liquider massivement des positions en période de crise. Pour cela, les acteurs ont introduit plusieurs grilles d'allocation afin de rendre le procédé moins mécanique et des réflexions sont en cours sur le sujet pour optimiser cette méthode de gestion.Dans cette perspective, l'UFG a créé en partenariat avec l'Edhec une chaire visant à analyser les nouvelles contraintes actif-passif et l'allocation stratégique dans une optique d'investissement à long terme. « Les fonds sont désensibilisés en fonction de la période de départ à la retraite des souscripteurs, mais ne tiennent pas compte de la réalité des marchés, déplore Patrick Rivière, vice-président de l'UFG. Nous souhaitons sophistiquer cette approche en intégrant ?l'état du monde? et en dépassant le cadre strictement binaire actions-obligations grâce à la recherche académique. Notre objectif étant d'ici à deux ans de pouvoir transformer cette recherche en solutions opérationnelles qui intégreront notamment l'immobilier. » une dose de flexibilitéCette thématique interpelle tous les spécialistes. « Concernant le Perco piloté, nous sommes actuellement en train de réfléchir aux grilles d'allocation, relate Isabelle Coquelle-Ricq, responsable marketing et appels d'offre épargne entreprise au Crédit Agricolegricole Asset Management (Caam). Toutefois, nous restons persuadés que la gestion par horizon reste pertinente sur le long terme. De plus, si les salariés effectuent des versements régulièrement, par exemple tous les mois, cela permet de lisser le prix moyen des investissements et de réduire les risques de marché dans la durée. »Les fonds diversifiés sont aussi sur la sellette. Pour Caam, il faut dorénavant introduire une dose de flexibilité dans les fonds d'épargne d'entreprise et s'émanciper des indices de référence. L'introduction d'une gestion plus active dans l'épargne d'entreprise passe également par le développement de la multigestion qui tend à se répandre quelle que soit la clientèle. Gérer S2E a créé cette année trois nouveaux fonds de multigestion dont un investi sur la thématique de l'environnement. Son offre s'élève maintenant à une douzaine de fonds multigérés. Eres Gestion a assis son développement sur la mise à disposition de fonds gérés par des sociétés de gestion de taille moyenne ou petite avec des styles bien marqués, comme Carmignac Gestion ou encore Sycomore Asset Management. L'architecture ouverte et la multigestion en épargne salariale ne sont pas seulement l'apanage des petites maisons. « On assiste à une accélération des changements depuis deux ans, souligne Philippe Mogenot, responsable des ventes entreprises chez HSBC Global Asset Management (France). La majorité des appels d'offres intègrent maintenant une demande d'architecture ouverte. La crise a montré qu'il y avait une véritable urgence à sélectionner les gérants en fonction de leur point fort. »gestion tactiqueComme pour l'ensemble de la gestion, le métier se professionnalise. « L'offre en épargne salariale devient plus institutionnelle, précise Philippe Mogenot. Les fonds sont davantage spécialisés, ils utilisent plus fréquemment la gestion tactique et multiplient les moteurs de performance. » Enfin, dernière grande évolution liée cette fois-ci directement à la crise, l'offre de fonds proposant une garantie en capital a tendance à s'accroître.
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