Volkswagen fonce en Chine avec des investissements faramineux

Pionnier en Chine, où il fête ce mois-ci le trentième anniversaire du début de sa production à Shanghai, Volkswagen met le paquet. Car le premier marché auto mondial est logiquement au cœur de l\'objectif du groupe allemand de devenir le premier constructeur mondial d\'ici à 2018. « Nous allons investir 9,8 milliards d\'euros entre 2013 et 2015 en Chine », réaffirme ce vendredi Jochem Heizmann, membre du directoire du consortium germanique en charge de la Chine. Des sommes énormes, puisque Volkswagen affirme avoir déboursé 15,7 milliards entre... 1985 et 2012 ! « Nous accroîtrons nos capacités de 2,6 millions de véhicules annuels actuellement à plus de 4 millions d\'ici à 2018 et nos effectifs augmenteront de 75.000 à 100.000 personnes » dans l\'ex-Empire du milieu, martèle le dirigeant lors d\'une grande conférence de presse à Shanghai, à la veille de l\'ouverture du salon de l\'auto. Rien que la marque haut de gamme Audi, installée depuis 25 ans et numéro du « premium », vise un doublement de son potentiel à 700.000. Un vrai rouleau compresseur, avec sept usines en construction, dont cinq doivent démarrer cette année. Le constructeur met notamment le cap sur des usines dans l\'ouest sous-développé du pays, qui recèle un fort relais de croissance pour le marché. A ce jour, Volkswagen compte une douzaine d\'usines dans le pays.Plus de trois millions de véhiculesDeuxième constructeur en Chine derrière GM en comptant les petits utilitaires produits sur place par l\'américain, le groupe de Wolfsburg y a écoulé 2,81 millions de voitures l\'an dernier. Et il « compte dépasser cette année la barre des trois millions », indique Weiming Soh, vice-président exécutif de Volkswagen en Chine. Sa part de marché dépasse les 20% au premier trimestre. Pour accompagne sa croissance, Volkswagen compte passer de 2.253 concessionnaires l\'an dernier à plus de 3.000 à l\'horizon 2015. « Nous pensons accroître nos ventes plus vite que le marché chinois, lequel devrait progresser de 6 à 8% par an», assure Weiming Soh.Manque de capacités« Il y a des surcapacités en Chine, mais pas chez nous. Au contraire, on en manque, puisque nos sites en Chine produisent durant plus de 300 jours par an, contre 250 généralement », précise Jochem Heizmann. La stratégie de Volkswagen passe par le déploiement des marques « traditionnelles » en Chine que sont Volkswagen proprement dit et Audi, mais aussi la montée en puissance de la filiale tchèque Skoda. La marque d\'entrée de gamme fabrique localement depuis 2007 seulement. Sur les 2,81 millions de ventes du groupe l\'an dernier en Chine, Audi avait livré 405.800 voitures et Skoda plus de 235.000. La firme de luxe Bentley, également contrôlée par le groupe d\'outre-Rhin, en a pour sa part écoulé plus de 2.250 !Gamme très largeVolkswagen mise sur une très large gamme de produits, de la petite Polo à la grande berline Audi A6L et au 4x4 de luxe Audi Q5, en passant par la très vieille Santana, une familiale de 1980 produite depuis les débuts dans la banlieue de Shanghai et remise à jour constamment, qui, solide, pas chère, facilement réparable, continue de faire les beaux jours des chauffeurs de taxi. La plupart des modèles sont adaptés au marché local comme la Volkswagen Passat rallongée - en Chine, c\'est très important d\'avoir de la place à l\'arrière - ou les Audi A4 et A6 également plus longues qu\'en Europe.Rappels récentsVolkswagen propose aussi les technologies les plus récentes comme ses moteurs à essence TSi et la boîte automatique à double embrayage « DSG », une des innovations de pointe du consortium. Une transmission qui est justement sous les feux de la rampe ces derniers jours, à travers une... contre-publicité. Car Volkswagen a été contraint par les autorités de rappeler 384.000 véhicules pour des problèmes de fiabilité sur cette boîte L\'image de fiabilité de l\'ingénierie allemande en prend un coup.Gros profitsLe groupe, qui puise dans son énorme trésor de guerre pour investir à tout va, peut compter sur la puissance de SAIC, le plus gros consortium automobile chinois avec qui il partage une de ses deux co-entreprises. SAIC, dont le siège est à Shanghai, est également le principal partenaire de GM. Il est donc impliqué dans les opérations des deux premiers constructeurs dans le pays... Avec des volumes aussi importants et d\'importantes économies d\'échelle à travers des plates-formes mondiales - la Passat chnoise rallongée est la même que celle produite aux Etats-Unis, par exemple -, Volkswagen gagne beaucoup d\'argent en Chine. Les deux co-entreprises avec SAIC et FAW, qui génèrent le tiers des ventes mondiales du groupe allemand, ont en effet enregistré la bagatelle de 3,7 milliards d\'euros de bénéfice d\'exploitation au titre de 2012 ! Tout le monde est content, les partenaires locaux mais aussi le réseau « qui jouit d\'une bonne rentabilité », souligne Weiming Soh. Reste que les concurrents de Volkswagen sont très offensifs également et n\'ont pas l\'intention de traîner les pieds. GM, le coréen Hyundai-Kia, sont parmi les plus dangereux, ainsi que Nissan (partenaire de Renault) ou Toyota, même si les japonais pâtissent des différends diplomatiques actuels entre Pékin et Tokyo.
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