La BCE affiche son désaccord sur le Pacte révisé de Paris et Berlin

Jadis les initiatives franco-allemandes pour relancer l'intégration européenne étaient saluées par leurs partenaires. L'accord de lundi dernier entre le Président français et la chancelière allemande sur le Pacte de stabilité européen déroge à cette ancienne règle : tant en Allemagne qu'en Europe « la déclaration franco-allemande » sur la « surveillance budgétaire » suscite de vives réactions hostiles.Surpris par cette annonce, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a laissé déclarer qu'il « ne soutient pas tous les points » avancés par Paris et Berlin. Une formule qui, dans le langage policé d'un banquier central, est synonyme de désaccord profond. Une position largement partagée au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE qui s'est réuni jeudi. Au lendemain de l'accord entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, des membres de ce Conseil ne manquaient pas d'ironiser sur le fait « qu'il ne soit pas sûr que ce qui s'est passé lundi soit un jour à marquer d'une pierre blanche ».Concession allemandeLundi à Deauville, Angela Merkel a accepté de renoncer à des sanctions quasi-automatiques, c'est-à-dire sans interférence des États-membres de la zone euro, dans le cas d'un déficit excessif d'un pays (soit un déficit public supérieur à 3 % du PIB et une dette publique dépassant 6 % du PIB). En échange de cette concession allemande, Nicolas Sarkozy a lui accepté qu'une révision des traités européens pour y introduire ces sanctions plus sévères soit lancée. La Commission européenne et la BCE plaident elles pour des sanctions plus directes, sans délai de six mois et sans un vote des États à la majorité qualifiée comme proposé par Paris et Berlin. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso n'est pas plus enthousiaste que son homologue de la BCE : « La Commission prend bonne note des vues exprimées par des États-membres qui sont favorables à une modification des Traités, pour laquelle l'unanimité des États est nécessaire », s'est-il borné à dire devant le Parlement européen. La plupart des groupes parlementaires à Strasbourg se montrent eux aussi irrités par l'accord franco-allemand le socialiste Martin Schulz critique « un directoire franco-allemand » ignorant les processus de décisions prévus à cet effet, son homologue libéral Guy Verhofstadt parle de « compromis de casino ». Le vice-chancelier allemand, Guido Westerwelle, a lui aussi cloué au pilori l'accord signé par la chancelière, indiquant que « les sanctions ne doivent pas être soumises à un opportunisme politique». Le Sommet européen du 28 octobre consacré au Pacte de stabilité promet d'être animé.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.