Le débat sur le salaire minimum est relancé en Allemagne

L'ouverture complète du marché du travail allemand, le 1er mai prochain, aux citoyens des pays entrés dans l'Union européenne en 2004 relance outre-Rhin le débat sur le salaire minimum. Lundi, le président de l'institut IAB, une émanation de l'agence fédérale pour l'emploi, Joachim Möller, a alerté sur la « menace d'une spirale vers le bas des salaires » si le gouvernement ne mettait pas en place un salaire minimum général « raisonnable » avant le 1er mai. L'Allemagne ne dispose actuellement d'aucun minimum salarial au niveau fédéral. Les gouvernements ont cependant imposés des salaires planchers de branche souvent différents entre l'Est et l'Ouest. Un peu plus de la moitié des employés sont certes couverts par des salaires planchers imposés à leurs branches, mais ce n'est pas suffisant pour l'IAB. Joachim Möller met donc en garde : si « des entreprises polonaises ou baltes payent leurs salariés avec des salaires de ces pays, (...) les entreprises allemandes ne pourront gagner une telle compétition salariale ». Au final, prévient-il, les salariés allemands les moins qualifiés devraient voir leurs chances de trouver un emploi encore réduites Or, le taux de chômage de cette catégorie est proche de 20 %. Éviter « des rejets sociaux »Pour « éviter des dégâts sociaux considérables », Joachim Möller réclame donc un salaire minimal général en « imposant aux sociétés issues des nouveaux États membres à payer des salaires acceptables ». Voici une semaine, le président du syndicat des services Ver.di, Frank Bsirske, avait également réclamé un salaire minimum afin d'éviter « des rejets sociaux ». Selon lui, la République fédérale, avec sa croissance forte, pourrait attirer des ressortissants de l'est de l'Europe, mais aussi du sud du continent, où les mesures sévères de réajustements budgétaires réduisent le potentiel de croissance. Du côté du patronat, on rejette toujours officiellement ce salaire minimum. Mais certains dénotent. En début de semaine, le chef allemand du hard discounter Lidl, Jürgen Kiseberth, a envoyé aux groupes parlementaires du Bundestag une proposition en faveur d'un salaire minimum à 10 euros de l'heure. Ce tarif, pratiqué chez Lidl, depuis mars dernier, est supérieur de 1,50 euro à ce que demande le SPD. Il a donc peu de chances de voir le jour, mais il démontre que les lignes ne sont pas aussi marquées qu'autrefois. La fédération des employeurs, la BdA, a d'ailleurs demandé récemment la généralisation du salaire minimum dans l'intérim aux entreprises étrangères afin d'éviter l'emploi à bas coûts de travailleurs allemands par des entreprises de l'Est. La CDU d'Angela Merkel elle-même, jadis si hostile au salaire minimum, a fait instaurer, malgré l'hostilité des libéraux, des mesures de branches, notamment dans l'intérim. Plus généralement, la relance de ce débat, alliée à des perspectives de hausses salariales, montre que l'ère des restrictions en Allemagne semble désormais appartenir au passé.
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