Opération vérité sur les banques européennes

C'est aujourd'hui à 18 heures heure française que seront publiés les résultats des tests de résistance bancaires européens. Une première. Si les institutions financières sont régulièrement soumises à de tels tests, jamais, en Europe, l'exercice n'avait pris la forme d'une telle « opération vérité ». L'enjeu ? Identifier les banques les plus fragiles en cas de choc macroéconomique ou financier, pour ensuite organiser leur recapitalisation. De quoi, normalement, rétablir la confiance dans le secteur bancaire européen qui en a bien besoin. Toutefois, l'exercice n'est pas sans risque. Si la totalité des banques réussissent les tests, ces derniers perdront leur crédibilité. Si trop de banques échouent, elles ne pourront pas se recapitaliser sur les marchés, et les opérateurs risquent de douter de la capacité des États européens, déjà lourdement endettés, à venir à leur secours. Les déclarations se sont multipliées ces derniers jours sur les résultats attendus des « stress tests ». A l'exception de quelques caisses d'épargne espagnoles et d'une poignée de banques allemandes - la plupart déjà notoirement mal en point et soumises à des plans de restructuration -, la grande majorité des établissements européens conserveraient un niveau de fonds propres suffisant (ratio Tier 1 supérieur à 6 %), dans les différents scénarios retenus. Le Comité des régulateurs européens (CEBS) a toutefois donné peu de détails sur les hypothèses choisies et sur le format de la publication des résultats, entretenant le doute sur la transparence et la sévérité de l'exercice. Selon les dernières rumeurs, trois scénarios auraient été testés : un scénario de base, un scénario de récession économique et un scénario dans lequel interviendraient de fortes pertes sur les emprunts d'État. Mais, dans le flou depuis plusieurs semaines, les opérateurs de marché sont plus dubitatifs que jamais. « C'est comme si des camions chargés de tester un pont transportaient des blocs de polystyrène libellés 15 tonnes », ironise un investisseur, qui s'attend en particulier à des décotes sur les dettes souveraines très inférieures à ce qui a pu être observé sur les marchés au moment de la crise grecque. Les résultats, eux-mêmes, devraient être peu comparables d'un pays à un autre car la définition du Tier 1 - le ratio de fonds propres, qui, au sens le plus strict, inclut les actions ordinaires, les réserves, le report à nouveau et les résultats non encore distribués - diffère d'un pays à un autre. Dans certains pays, les régulateurs prennent en compte les titres hybrides, dans d'autres, ils sont plus rigoureux. Jeudi, le journal « El Economista » affirmait que toutes les caisses d'épargne espagnoles avaient passé les tests de résistance avec succès, grâce à une astuce consistant à comptabiliser les aides du fonds de secours espagnol comme capital propre. Reste à savoir si le régulateur européen arrivera à faire entendre son message rassurant. Les marchés ne demandent qu'à y croire, mais la cacophonie et le manque de transparence risquent de le brouiller.
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