La longue marche du yuan vers le marché des changes

C'est une première. La chaîne de fast-food McDonald's va lancer une émission d'obligations libellées directement en yuans. Désormais, les entreprises étrangères installées en Chine pourront lever directement des capitaux en monnaie locale pour se financer. Cette petite révolution s'inscrit toutefois dans un processus plus large.La Chine multiplie les possibilités pour faciliter l'usage international de sa monnaie, non seulement pour les entreprises mais aussi sur le marché financier. Car si l'ex-empire du Milieu est devenu la deuxième puissance économique mondiale derrière les États-Unis, cela ne se reflète pas dans la place - marginale - du yuan sur le marché des changes. Le régime communiste entend en effet garder le contrôle de sa monnaie au grand dam des États-Unis et de l'Europe qui la considèrent comme sous-évaluée (voir illustration ci-contre et page 4).Ainsi, depuis 2008, la banque centrale de Chine a signé des accords de swaps de devises avec plusieurs pays?: Corée du Sud, Malaisie, Indonésie, Biélorussie, mais aussi Argentine et Islande, en attendant que d'autres suivent comme la Thaïlande. Ce type d'opérations techniques a pour avantage de réduire le risque de change et le coût de transactions pour les entreprises importatrices et exportatrices des pays concernés ou pour celles installées en Chine. Mais Pékin compte aussi développer son marché de la dette. La semaine dernière, la banque centrale chinoise a annoncé autoriser les établissements financiers étrangers à opérer sur son marché obligataire.Pour autant, la route pour parvenir à une totale convertibilité du yuan s'annonce longue. D'abord parce que Pékin part de loin. « Entre 2004 et 2007, les échanges quotidiens de yuans ont pour la première fois dépassé le montant quotidien des importations et des exportations chinoises. En comparaison, les montants des échanges de roupies indiennes ou de wons sud-coréens étaient dix fois plus importants que leurs échanges commerciaux internationaux », souligne dans une étude du Hong Kong Institute for Monetary Research, publiée en juin, Yin-Wong Cheung, professeur d'économie à l'université de Californie.Ensuite, parce que le régime communiste entend maîtriser les flux de capitaux. Ce n'est pas tant la volonté de développer une alternative au dollar comme monnaie de réserve qui motive Pékin, que la répartition des risques inhérents à sa croissance rapide. Cette réflexion était présente « bien avant la crise », précise Yin-Wong Cheung. Une convertibilité contrôlée du yuan est un moyen supplémentaire de poursuivre le développement économique de la République populaire, en le faisant financer par les investisseurs internationaux. Un modèle qui évoque celui des États-Unis?! Mais pour attirer ces investisseurs, il faut deux conditions, souligne Yin-Wong Cheung?: d'abord que « le yuan ne représente pas un risque élev頻, en particulier celui d'une chute brutale de sa valeur?; ensuite qu'il ne soit pas « une sorte de dollar sans grande marge d'appréciation », rédhibitoire pour le spéculateur. Le régime communiste doit donc procéder étape par étape, pour éviter que ce soit le marché des changes qui lui ôte sa marge de manoeuvre.
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