Les entreprises à l'assaut des marchés de dette

Les émissions sur les marchés du crédit européen et américain sont reparties de plus belle. Malgré un niveau d'activité historique au premier semestre, les entreprises non financières ont continué à faire massivement appel aux investisseurs pour lever des fonds et assurer leurs besoins en liquidités.Selon les données Datastream, 20,2 milliards d'euros ont ainsi été levés entre le 1er et le 17 septembre sur le marché européen par les entreprises les mieux notées, soit plus de deux fois le montant émis en septembre 2008. Outre-Atlantique, les sociétés ont émis sur la même période 27,3 milliards de dollars selon les chiffres de Dealogic, contre 15,7 milliards un an plus tôt. « Après un mois d'août très calme, les émissions sont reparties très fort en septembre », note Philippe-Henri Burlisson, directeur de la gestion de taux de Groupama Asset Management.Ce redémarrage en trombe intervient pourtant après une première partie d'année déjà exceptionnelle en termes de volume d'activité. Au premier semestre, les montants levés en Europe ont atteint près de 215 milliards d'euros, quasiment le triple de ceux collectés un an plus tôt. De moindre ampleur aux États-Unis, le bond des émissions a tout de même atteint 44 %, à 337 milliards de dollars. « L'appel au marché est traditionnellement plus important aux États-Unis qu'en Europe, où les entreprises passent davantage par le système bancaire pour se financer », explique René Defossez, stratégiste taux chez Natixis.La réticence des banques à prêter ou à renouveler des lignes de crédit, couplée à la fermeture des marchés financiers, avait privé les entreprises de financement en fin d'année dernière. « L'importance des appels au marché depuis le début de l'année est notamment liée au souvenir des deux derniers trimestres de 2008 », estime Philippe-Henri Burlisson. Dès janvier dernier, 50 milliards d'euros et 70 milliards de dollars avaient été levés de part et d'autre de l'Atlantique sur des marchés obligataires en plein dégel.2 milliards en dix minutesDepuis, un environnement favorable aux émissions s'est instauré. À la fin août, la prime de risque exigée par les investisseurs sur une obligation européenne notée AAA a diminué à 81 points de base, après avoir atteint plus de 300 points de base en mars dernier. L'indice Markit North America, qui mesure le coût de la protection contre un défaut de paiement, a, lui, reflué sous son niveau de mai 2008, à 91,87. « Tout le monde y gagne. Les entreprises assurent leur financement, les banques encaissent des frais d'émission et les investisseurs sécurisent du rendement. La demande est très forte pour tout type de papier », résume Philippe-Henri Burlisson. Comme un symbole, le livre d'ordre de la levée de 350 millions d'euros du groupe Christian Dior, qui n'a pas de notation financière, a ainsi recueilli 2,3 milliards d'euros d'ordre en dix minutes.
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