Les salariés belges, futures victimes  ?

Sur les 45.000 salariés européens d'Opel, un sur cinq va perdre son emploi. La question est de savoir où. Berlin a mis sur la table 4,5 milliards d'euros pour ses quatre sites, Londres 500 millions de livres sterling de garanties pour Luton et Ellesmere Port. Les Espagnols jouent sur les coûts de la main-d'?uvre. Les Belges, eux, veulent concilier les intérêts des 2.700 salariés d'Opel Anvers avec une vraie rationalisation de l'industrie automobile européenne. Pour ce faire, ils jouent la carte des institutions européennes. Vont-ils le regretter ? Car, pour la chancellerie allemande, qui a mené la négociation avec le repreneur, « Anvers est l'usine avec la plus faible capacité de rendement en termes techniques », selon l'hebdomadaire « Der Spiegel ». Le 6 octobre, un hebdomadaire belge rapporte un projet de délocalisation de l'usine en Russie. « Pures spéculations », a répondu Rudi Kennes de la FGTB, principal syndicat du site.Prudentes menacesEn attendant, la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, soupçonne Angela Merkel de s'asseoir sur la raison économique pour privilégier les emplois allemands. Mais elle déploie ses menaces avec prudence. Pourquoi ? L'ancien Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, la croit victime d'une cabale. On la traiterait d'« anti-allemande ». « Monsieur le président, allez-vous appuyer votre commissaire oui ou non ? » a demandé le président du groupe libéral au Parlement au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso le 21 octobre. « Il est hors de question de transiger en ce qui concerne le marché intérieur et le droit de la concurrence », a répondu l'intéressé.« Proscrire toute forme de protectionnisme est la seule façon de garantir un véritable avenir à Opel en Belgique », a déclaré le Premier ministre belge, Herman Van Rompuy, cette semaine devant des députés inquiets. Le sujet est à l'ordre du jour du tour des capitales européennes qu'il entreprend ces jours-ci pour préparer la présidence belge de l'Union européenne en 2010. « La Commission n'est pas assez indépendante des grands États », tranche l'eurodéputé flamand socialiste Kathleen Van Brempt. « Ce qu'il aurait fallu avoir, c'est un plan européen pour l'industrie automobile », dit-elle. Dans un pays dont la dette publique repassera en 2010 la barre des 100 % du PIB, la course aux subventions n'est pas une option. Florence Autret, à Bruxelle
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