Formation des maîtres, la réforme qui ne passe pas

Cela fait dix-huit mois que la grogne dure. Malgré la publication des textes d'application, la réforme de la formation et du recrutement des enseignants ? principalement les professeurs des écoles ? fait toujours l'unanimité contre elle. Ce fut encore le sens des motions votées lundi par la coordination nationale des universités (CNU). Tous, syndicats d'enseignants, collectifs d'universitaires, organisations étudiantes condamnent cette réforme. Jusqu'à la conférence des présidents d'université (CPU), qui continue à défendre « une autre réforme ». Dernièrement, le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, a écrit au Premier ministre pour dénoncer la mise en place « à marche forcée » de cette réforme qu'il juge « inapplicable ».Sur le fond pourtant, tout le monde s'accorde à reconnaître l'intérêt de relever le niveau de formation des enseignants avec, à la clé, une revalorisation des carrières (en cours de négociation). Mais alors, pourquoi cette opposition générale ? Appelée « masterisation », la réforme prévoit que, à partir de 2011, les professeurs du primaire et du secondaire soient recrutés au niveau bac + 5 (master) et non plus bac + 3 (licence). Mais jusqu'à présent, nombre de candidats au concours avaient déjà un niveau supérieur à la licence, notamment les 50 % qui, une fois la licence en poche, préparaient le concours pendant un an en institut universitaire de formation des maîtres (IUFM). Jusqu'à l'année dernière, les lauréats du concours effectuaient ensuite un an de « stage » en IUFM. Avec la réforme, cette année de stage est supprimée dès cette année (ce qui permet de supprimer 16.000 postes). Conséquence : les enseignants débutants prennent tout de suite une classe « en responsabilit頻 à temps plein. Des stages sont cependant prévus par le nouveau système : durant l'année de master 2 tout d'abord. Mais ils sont facultatifs et la prise en responsabilité de classes par des étudiants inexpérimentés inquiète. Quant aux stages destinés aux nouveaux enseignants (un tiers de leur temps), ils pourraient être regroupés en milieu d'année, selon les syndicats. Les remplacements seraient alors assurés par des étudiants, des contractuels ou des collés au concours? « Pour nous, c'est une folie. Le vivier des précaires va encore augmenter », dénonce Christian Chevallier, secrétaire général du SE-Unsa. Dans une lettre que vient d'adresser au Snuipp-FUS (principal syndicat du primaire), Luc Chatel évoque le renfort, jusqu'à la Toussaint, d'enseignants expérimentés, des stages de prérentrée et promet un groupe de travail sur le sujet. Mais tout n'est pas réglé. Le calendrier de l'année de master 2 reste difficile à mettre en place pour les universités puisque les étudiants devront préparer leur master et le concours (dont la place fait toujours polémique), tout en faisant éventuellement un stage.BoycottDans ce contexte, comme il y a un an, certaines universités ont décidé de ne pas préparer les nouveaux masters d'enseignement, telle Bordeaux III et Paris VIII. Et certains jurys promettent de boycotter les concours. Mais ironise-t-on, rue de Grenelle, cela risque de détourner les étudiants sur d'autres universités qui « jouent le jeu ». Quant aux IUFM, intégrés aux universités depuis 2008, auxquels les textes ne font pas référence, ils devront trouver leur place en s'ouvrant sur la formation continue ou en se spécialisant. n
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