Paris veut remettre la comptabilité au service de l'économie réelle

La comptabilité doit servir les intérêts de tous les acteurs de l'économie, et pas seulement ceux des investisseurs financiers. » C'est sur ce principe que Jérôme Haas compte fonder l'action de l'Autorité des normes comptables (ANC) qu'il préside depuis le 20 janvier, et dont il dévoile ce lundi le plan stratégique 2010-2011. Affichant sa volonté de « répondre aux préoccupations du terrain », l'ANC s'est fixé deux priorités immédiates. La première concerne les PME, objet de toutes les attentions de Bercy, qui a présenté en octobre 2009 un plan pour faciliter leur accès aux marchés financiers. Partisan d'une simplification des exigences réglementaires, Jérôme Haas compte proposer à Bruxelles de faciliter l'utilisation des normes internationales IFRS par les PME cotées en allégeant les obligations d'information en annexe. Il s'oppose ainsi au projet de normes IFRS spécifiques pour les PME non cotées, estimant que ces dernières « doivent pouvoir rester aux normes nationales, et passer aux IFRS selon leurs besoins ». « débat de fond »L'autre priorité de l'ANC porte, justement, sur les normes IFRS, édictées par un organisme indépendant, l'IASB (« International Accounting Standards Board »). Estimant que « les leçons de la crise n'ont pas été tirées », Jérôme Haas souhaite que « l'IASB modifie son programme de travail, qui est déconnecté des besoins des entreprises européennes ». Sans renoncer à l'objectif de convergence des IFRS avec les normes américaines, fixé par le G20, il réclame un « débat de fond » sur le rôle des normes comptables dans le système économique. À ses yeux, « l'Europe est de loin la mieux placée pour dire ce que pourrait être une bonne comptabilité, car elle utilise en parallèle les normes nationales, patinées par le temps et ancrées dans notre droit et nos modèles économiques, et les normes IFRS, les plus modernes et les plus financières ».Reste à convaincre l'IASB, jaloux de son indépendance et traditionnellement plus sensible à la vision anglo-saxonne. Pour Jérôme Haas, « il faut modifier la gouvernance de l'IASB en faisant une place à toutes les parties prenantes, notamment les entreprises et les organes de supervision, afin que la normalisation prenne bien en compte l'intérêt général ». Outre ces deux chantiers, l'ANC prévoit de mettre à jour le référentiel français dans les deux prochaines années, et d'encourager la recherche en comptabilité, aujourd'hui archi-dominée par les anglo-saxons.
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