Les villes américaines peinent à se financer

Les craintes des marchés sur les dettes publiques sont-elles en train de se propager à toutes les dettes publiques ? La crise de la dette des États périphériques de la zone euro n'est pas encore réglée, que les obligations des États, municipalités et autres organismes publics américains, que l'on appelle les « municipal bonds », sont l'objet de la défiance des investisseurs qui redoutent faillites et défauts. Il est vrai que depuis le 1er janvier, l'État fédéral a mis fin aux « Build America Bonds », qui réduisaient l'imposition des coupons, et permettaient aux émetteurs locaux de se financer moins cher. Résultat : les investisseurs se faisant plus rares, les émissions deviennent plus difficiles, au point que l'État de Californie, qui a d'importants besoins financiers et qui a déjà annoncé qu'il ne pourrait faire face à ses engagements, vient de décider de ne pas émettre d'obligations avant l'automne. Certains sénateurs républicains évoquent sans détours l'option d'un recours plus aisé à la faillite, dont la procédure est aujourd'hui très complexe. Situation critiqueSans aide de l'État, la situation de ces « municipalités » américaines devient critique : « la crise de l'immobilier, sur lequel repose un tiers de leurs recettes fiscales, et l'explosion des dépenses sociales qu'elles financent en grande partie les placent dans une situation de trésorerie très tendue », explique Evariste Lefeuvre, chez Natixis à New York : après 430 milliards de déficits cumulés sur les exercices 2009, 2010 et 2011, quarante-quatre États et le District of Columbia projettent déjà un déficit global de 125 milliards pour l'exercice 2012, qui commence au 1er juillet. Pour des États qui sont dans l'obligation d'équilibrer leur budget pour leurs dépenses courantes, c'est beaucoup. Ils sont contraints de couper dans leurs dépenses, au risque de différer un peu plus la reprise. Mais la ressemblance avec la crise des « États périphériques » s'arrête là. Evariste Lefeuvre précise que si leur trésorerie s'annonce difficile, les États américains n'ont pas de problèmes majeurs de solvabilité, les 2.400 milliards de dollars d'obligations représentant tout au plus 16 % du PIB américain. Et que leurs dettes sont détenues non par des banques, mais par les fonds de pension et les ménages américains. Au pire, donc, l'affaire restera domestique, et on évitera l'effet domino.
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