Sachons jouer nos cartes maîtresses

Profitons du soleil qui brille sur l'Hexagone depuis des semaines pour arrêter un instant notre constat alarmiste d'un monde courant à sa perte et regarder quelles cartes maîtresses se cachent dans notre jeu. Dans cette époque, certes complexe et confuse, où l'être humain n'a jamais eu autant conscience des dangers qui menacent sa survie, nous avons encore à notre disposition des éléments extrêmement précieux, dont certains pourraient être la clé d'entrée dans un monde meilleur. Le premier, c'est notre jeunesse sur laquelle il nous faut de toute urgence arrêter les clichés. Dire que les jeunes sont moins cultivés, moins bien éduqués, moins travailleurs, trop investis dans les nouvelles technologies et individualistes forcenés tient désormais de l'aveuglement. Ou plutôt d'une forte anxiété et du sentiment de remise en cause de nos repères d'antan. Pour preuve, « La Tribune » récompensait récemment les meilleurs projets des associations étudiantes des grandes écoles d'ingénieurs et de commerce. Le jury y a découvert des trésors de maturité et de compréhension du monde. Pas une seule de ces associations qui ne prenait en compte la préservation de la planète, le respect des individus ou l'entraide sociale envers les plus défavorisés. À la remise de nos Trophées des grandes écoles, ces étudiants expliquaient tous leurs motivations dans des termes identiques : « Nous devons désormais tenir compte de notre environnement social et économique, c'est ce qui donne un sens à notre vie. » Prenons-en de la graine !Le second, c'est la révolution apportée par l'omniprésence de la psychologie humaine. Aujourd'hui les jeunes du monde entier sont immergés dans la conscience thérapeutique, tout à fait à l'aise pour chercher, trouver et analyser leurs sensations, leurs émotions et leurs pensées les plus intimes, et ce faisant celles de leurs semblables. Au même moment, biologistes et chercheurs en sciences cognitives commencent à repérer des comportements empathiques primitifs chez les mammifères à commencer par l'homme dont le néocortex plus développé le destine tout particulièrement à l'empathie. « La compassion et le réconfort mutuel créent la bienveillance, tissent le lien social et réchauffent le coeur. Une grande partie de nos interactions quotidiennes avec nos compagnons d'humanité sont empathiques parce que c'est notre vraie nature », estime Jeremy Rifkin dans son dernier ouvrage « Une nouvelle conscience pour un monde en crise ». Pour cet économiste américain, « nous voici à un instant décisif du parcours humain ». Nos états de conscience sont encore agencés aux ères précédentes de l'histoire alors que notre planète lancée à vive allure dans une série de bouleversements nous réclame instamment de remodeler ce niveau de conscience pour que les humains puissent s'aider mutuellement à vivre et à prospérer. Résultat : la jeunesse à la sensibilité empathique croissante est sans doute notre meilleur « va-tout ». Elle qui a grandi sur Internet a l'habitude d'interagir et d'apprendre dans des réseaux sociaux ouverts où l'information ne se thésaurise pas mais se partage. Une nouvelle jeunesse qui n'est plus si réceptive à l'esprit de compétition mais recherche l'esprit de coopération pour s'instruire, et qui apprécie de s'engager dans des organisations pour aider ceux qui en ont besoin et cherchent à améliorer la qualité de vie en communauté. Cette vague est mondiale : à Taïwan, on observe désormais, grâce à Internet, une implication active de la jeunesse dans tous les mouvements citoyens sur les questions environnementales. L'émergence de cette empathie tend à balayer le postulat d'origine selon lequel le savoir est le pouvoir pour une vision où le savoir devient un moyen d'expression de nos responsabilités communes pour le bien-être collectif. Reste à faire évoluer notre conception de la nature humaine pour révolutionner notre façon de comprendre et d'organiser nos relations économiques, sociales et environnementales. Et prendre, enfin, nos distances avec le précepte freudien qui veut que « l'homme soit un loup pour l'homme ».
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