ébullition autour des sociétés du Net français

Dans l'Internet, la rentrée fleure bon les années 2000. En quelques semaines, des transactions de plusieurs centaines de millions d'euros ont bousculé la Toile française. Du jamais-vu depuis quatre-cinq ans, avec en toile de fond, le retour des industriels. Lundi 27 septembre, Wikio, la société d'agrégation d'informations en ligne de Pierre Chappaz, annonçait le rachat de Nomao (services de localisation). Au début du mois déjà, Wikio avait conclu un mariage avec Overblog, l'une des deux principales plates-formes françaises de blog. Le nouvel ensemble pèse 10 millions de chiffre d'affaires.Un autre nouveau champion émerge autour de CommentCaMarche, qui a bouclé jeudi dernier, pour environ 60 millions d'euros, le rachat de Benchmark Group, qui édite les sites Copains d'avant ou Journal du Net. Des transactions plus importantes ont été lancées par des prédateurs européens. La semaine dernière, le norvégien Schibsted (propriétaire de « 20 minutes ») a racheté à Spir (groupe Ouest France) les 50 % manquant dans le site de petites annonces Leboncoin.fr pour 200 millions d'euros. Et Spir est monté pour 60 millions d'euros à 100 % dans Lacentrale.fr et Caradisiac (petites annonces automobiles). Surtout, une bataille se profile sur Seloger.com, coté à Paris. L'allemand Springer est disposé à en offrir 566 millions. Déjà, au printemps, le site d'e-commerce PriceMinister passait sous le pavillon japonais Rakuten pour 200 millions d'euros et PPR entrait au capital du site design sur mesure de Myfab.Première explication de ce phénomène?: la reprise économique. Les entreprises sont assainies et ont retrouvé de la visibilité. « Les banques prêtent à nouveau », indique Pierre Kosciusko-Morizet, à la tête de PriceMinister et qui a monté Isai, un fonds d'investissements pour les start-up. Avec pour conséquence un effet de rattrapage. « 2009 a été une mauvaise année. Il ne s'est rien passé, alors que l'on aurait dû assister à un mouvement de consolidation », indique Frédéric Montagnon, fondateur d'Overblog. L'arrivée des industriels se conjugue avec la maturité de l'Internet? : « Les gens n'ont plus peur d'acheter sur le Net, les systèmes de paiement fonctionnent. L'inaccessibilité des centres-villes et le désenchantement pour la consommation expliquent l'engouement pour l'e-commerce et les ventes privées », indique Philippe Collombel, associé au sein du fonds de capital-risque Partech, pour qui le phénomène va se poursuivre. « Les grandes entreprises ont besoin de relais de croissance. »des relais de croissance « Les sociétés de l'Internet les plus anciennes ont acquis le niveau de maturité nécessaire pour représenter un atout stratégique pour un acteur industriel », indique Virginie Lazès, de la banque Bryan Garnier, qui a conseillé CommentCaMarche avec Alpha Capital. En France, Spartoo, Sarenza, LeGuide, Mille Mercis, ou leurs concurrents directs, sont parvenues à développer des revenus récurrents, évoluent toujours en solo et pourraient susciter l'intérêt.En revanche, le silence est assourdissant du côté des industriels français, quasiment absents du mouvement. « Les grands groupes français sont frileux. », indique Pierre Kosciusko-Morizet. Dans les médias, les Lagardèrerave;re et autre chaînes de télé sont aux abonnés absents. TF1, qui possédait 40 % d'Overblog, et qui communique pourtant beaucoup sur sa volonté de se développer sur Internet, a laissé sa participation se diluer dans le nouveau groupe Overblog-Wikio-Nomao. « Les patrons de médias français se contentent d'opérations mineures où le risque à court terme est faible », se désole un fonds d'investissement.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.