Le patron d'Axa dénonce

Le patron d'Axa, Henri de Castries, ne ménage pas ses critiques. Lors d'un point de rentrée avec la presse vendredi, il s'en est pris avec virulence à l'assureur américain AIG, nationalisé après avoir reçu plus de 180 milliards d'aide de l'État en 2008. « À notre stupéfaction, les commerciaux d'AIG au Japon sont allés voir leurs clients accompagnés par des représentants de la Fed », s'est-il indigné, qualifiant la pratique, si elle est avérée, d'inacceptable. « Ce n'est pas la vocation de l'État de faire du dumping dans l'assurance pour récupérer les sommes qu'il a engagées », a ajouté le patron de l'assureur français, dénonçant « des évolutions de prix qui ne sont pas satisfaisantes ». S'il ne réclame pas la liquidation pure et simple de l'ex-premier groupe d'assurance mondiale, Henri de Castries n'en est pas loin : « Il était de l'intérêt général l'an dernier que l'État intervienne. Mais maintenant que la tempête est passée, il faut des conséquences : cela doit se traduire par la vente des actifs d'AIG et le remboursement de l'État », affirme-t-il. Pour lui, l'intérêt général est désormais ailleurs. « En maintenant à coups de fonds publics des acteurs inefficaces, on affaiblit les acteurs efficaces », estime-t-il.En plus de la distorsion de concurrence, le président du directoire d'Axa critique la confusion entre les métiers de banquiers et d'assureurs. « Dans une période où il faut reconstruire la régulation, il y a un vrai risque que pour arriver à des résultats rapides, les pouvoirs publics exigent juste que tous les acteurs financiers aient plus de capital. Ce n'est pas la bonne réponse. Les assureurs n'ont pas eu de problème de capital », analyse-t-il, rappelant au contraire que pendant la crise « les compagnies ont conservé un cash-flow positif » et que « l'assurance a fait la démonstration de son rôle contracyclique ». Conséquences néfastesPour lui, l'exigence de davantage de capital aura des conséquences néfastes pour le consommateur en raison des hausses de prix et de la baisse de la qualité des produits qui vont en découler. Mais les conséquences seront également fâcheuses pour la croissance car « l'absence de risque signifie absence de croissance ».L'enjeu essentiel consiste donc à améliorer la qualité des instruments de mesure du risque. Pour cette raison, « Axa est favorable depuis le début à Solvabilité 2 dont l'architecture est bonne », rappelle le président du directoire. « Mais nous constatons une dérive depuis trois mois », critique-t-il tout en restant confiant : « La Commission européenne est parfaitement consciente de cette dérive. Il faut qu'elle soit la gardienne de l'esprit du texte de la directive et qu'elle soit très ferme avec le Ceiops [organe regroupant les autorités de contrôle de l'assurance dans l'UE]. On ne peut pas se permettre de commettre la même bêtise que sur les normes comptables », souligne le dirigeant.Très sévère sur ces dernières, Henri de Castries se dit satisfait du projet de réforme de l'IASB et de mise en place de normes contracycliques. « Tout ce que propose Madame Lagarde est parfait », estime-t-il. En revanche, il continue de critiquer l'un des principes de Solvabilité 2 sur l'investissement en actions qui entre en vigueur fin 2012. « Les assureurs vont avoir une allocation en actions comprise entre 0 % et 4 %. Comment sera financée l'industrie en Europe ? » s'interroge-t-il, avant d'avertir que « les actions seront détenues par les fonds de pension, les fonds souverains étrangers et quelques petits porteurs ».Propos recueillis par Séverine Sollie
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