La Banque de France n'a jamais gagné autant d'argent. Et c'est une mauvaise nouvelle

« Je dois être le seul chef d\'entreprise à ne pas me réjouir d\'avoir d\'aussi bons résultats », s\'est amusé Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, lors de la présentation des comptes annuels de l\'institution, ce jeudi après-midi. La Banque de France, vieille de plus de 200 ans, a dégagé en 2012 le résultat opérationnel courant le plus élevé de son histoire, à 8,10 milliards d\'euros. Un montant qui représente une envolée de 43,4% par rapport à l\'année précédente. Mieux, le bénéfice net a doublé, pour atteindre 3,15 milliards d\'euros, signant, lui aussi, un record historique.Les obligations grecques ont généré un revenu de 450 millions d\'eurosMais si Christian Noyer ne tire pas de réelle satisfaction de ces très bons résultats, c\'est parce qu\'ils « reflètent une crise », reconnaît le gouverneur de la Banque de France. En effet, la crise des dettes souveraines a conduit l\'an dernier les membres de l\'Eurosystème - l\'autorité monétaire de la zone euro, qui regroupe la BCE (Banque centrale européenne) et les banques centrales des pays de l\'Union européenne ayant adopté l\'euro - à acheter, à titre exceptionnel, des obligations de pays en difficulté. Or en contrepartie des risques importants qu\'elles représentent, ces obligations offrent un rendement élevé. Et, donc, des revenus non négligeables aux banques centrales qui les détiennent. Les obligations souveraines grecques, par exemple, ont généré un revenu de 450 millions d\'euros pour la Banque de France.Hausse des revenus nets d\'intérêtUne autre mesure non conventionnelle de politique monétaire a profité aux résultats de la Banque de France : les opérations de refinancement bancaire à trois ans (LTRO) - conduites par la BCE en décembre 2011 et en mars 2012 - avaient débouché sur des excédents de liquidités. Excédents que les établissements de crédit de la zone euro avaient, réglementation oblige, déposés auprès des banques centrales de l\'Eurosystème. Lesquelles les ont rémunérés à 0,25% alors qu\'elles les avaient prêtés au taux de 1%, ce qui a augmenté leurs revenus net d\'intérêt.Un pactole en vue pour l\'Etat« Je préférerais ne pas avoir ces résultats et que les économies ne soient pas en crise », a soupiré Christian Noyer. Pas sûr que l\'Etat français, actionnaire unique de la Banque de France et à court d\'argent, nourrisse pareils scrupules : non seulement la Banque de France lui versera 3,11 milliards d\'euros au titre de l\'impôt sur les sociétés, mais elle lui distribuera également un dividende. Celui-ci, dont le montant sera décidé dans les prochaines semaines, s\'était élevé à 877 millions d\'euros, l\'an dernier.  
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