Paris et Berlin mettent les banques à contribution

La course folle entre les dirigeants de la zone euro et les marchés a marqué une nouvelle étape clé, dimanche soir. Les ministres des Finances des Vingt-Sept ont d'abord finalisé le plan de sauvetage de 85 milliards d'euros pour l'Irlande (voir encadré), menacée de faillite. Surtout, Paris et Berlin se sont mis d'accord pour pérenniser au-delà de 2013 la ligne de défense mise en place pour sortir la zone euro de la crise systémique à laquelle conduit l'explosion des dettes publiques.Riches de l'expérience grecque, les dirigeants ont compris qu'il leur fallait afficher au plus vite leur unité.Après des contacts au niveau des chefs d'État, notamment entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy hier après-midi, les ministres des Finances ont donc avalisé un plan historique qui conforte le fonds européen de 440 milliards d'euros d'aide aux pays en difficulté, en lui donnant une base légale qui nécessitera une révision du traité mi-2013. Surtout, Français et Allemands ont pris une initiative majeure pour faire participer les créanciers privés à la résolution d'une éventuelle crise de solvabilité d'un État souverain. Contenir les taux d'intérêtLe dispositif vise à arracher les dirigeants européens au dilemme suivant : d'un côté, il leur faut maintenir la crédibilité des États vis-à-vis des marchés, autrement dit ne pas faire fuir leurs créanciers, afin d'éviter la flambée des taux d'intérêt à laquelle on a assisté la semaine dernière. De l'autre, il leur faut ménager des opinions publiques de plus en plus exaspérées de devoir garantir des dettes destiné à sauver la finance de pays tiers. Le cas irlandais est à cet égard exemplaire puisque 35 des 85 milliards d'euros du plan d'aide à Dublin iront aux banques.Contrairement à ce que souhaitait au départ l'Allemagne, cette participation du secteur privé se fera « au cas par cas », uniquement en cas d'insolvabilité et non pas si les États rencontrent de simples problèmes de liquidité. Concrètement, des clauses d'action collective (CAC) seront incluses dans les nouvelles émissions de dettes après la mi-2013, qui permettront d'aboutir à des restructurations négociées avec les créanciers privés, explique une source proche des négociations (lire ci-dessous).Les dirigeants européens laissent toutes les options ouvertes en cas d'insolvabilité : moratoire, rééchelonnement du paiement des intérêts et du principal, et « hair cuts » sur les intérêts comme sur le capital. Ce schéma, mis au point avec la Commission, serait soutenu par le président de la Banque centrale européenne. Reste à savoir maintenant comment les marchés accueilleront ce matin ce plan historique qui lève pour la première fois le tabou d'un défaut possible d'un État européen.
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