La reprise américaine s'essouffle, la Fed se mobilise

L'économie continuera de croître, mais à un rythme modeste » : le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, a ainsi pris acte vendredi de la révision à la baisse de la croissance du PIB annoncée peu avant. « Le comité de politique monétaire (FOMC) fera tout ce qu'il peut pour assurer la poursuite de la reprise économique », a-t-il immédiatement rassuré. Après avoir progressé de 5 % au troisième trimestre de l'an dernier, puis de 3,7 % au premier de cette année, l'activité américaine n'a cru en effet que de 1,6 % au deuxième. Toutefois, alors que l'estimation initiale, publiée le mois dernier, faisait état d'une croissance de 2,4 %, le chiffre de vendredi, même en baisse, a quelque peu soulagé les économistes et les opérateurs de marchés, puisqu'ils attendaient une révision encore plus sévère, à 1,4 %, voire 1,2 %. Car les indicateurs récemment publiés - ventes de logements en net recul, augmentation des inscriptions hebdomadaires au chômage, commandes de biens durables en berne - signalent tous un essoufflement significatif de la croissance, faisant craindre un scénario « à la japonaise », soit une croissance faible, la déflation et un chômage élevé qui perdure. Si la reprise américaine faiblit, déjà fragile, au-delà des importations en hausse et des stocks encore limités, c'est parce que certains soutiens ont disparu. « Tout arrive en même temps », remarque Florence Pisani, économiste chez Dexia, faisant référence à l'expiration, il y a quelques semaines, de l'avantage fiscal consenti aux primo-acquérants, ainsi qu'à une prime, versée par les États pour l'achat d'appareils ménagers « verts » supprimée faute de fonds. De plus, les créations d'emplois, dont le volume mensuel sera révélé vendredi, sont encore trop faibles depuis le début de cette année pour faire reculer le chômage, à 9,5 % actuellement. Dans ces conditions, les ménages rechignent à consommer, du coup les usines ne tournent pas et les employeurs reportent leurs embauches. L'économie américaine est victime d'une spirale, pouvant entraîner encore plus bas la croissance dans les mois à venir.Initiatives originalesÀ moins que la Réserve fédérale n'intervienne. « L'élément essentiel dans le discours de Ben Bernanke, c'est l'engagement donné par la Fed de prendre, si la nécessité s'en fait sentir, diverses initiatives non conventionnelles pour venir au secours de l'économie », note Thomas Julien, économiste chez Natixis. Les autorités monétaires pourraient ainsi reprendre leurs achats de dette à long terme, ce qui réduirait les taux d'intérêt sur les emprunts hypothécaires. « Même si les taux sont déjà historiquement bas, une nouvelle réduction serait de nature à inciter certains ménages à acheter un logement et d'autres à refinancer leur emprunt », précise Florence Pisani. Le marché de l'immobilier pourrait se reprendre et un refinancement à des taux plus avantageux libèrerait des dollars pour la consommation.?Lire également pages 11 et 24
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