Les leçons de René Monory

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Pour avoir été président du Sénat, garagiste, champion du monde de pêche au gros et pilote de course, René Monory, inhumé aujourd'hui, a aussi été l'un des ministres des Finances les plus réformateurs, de 1978 à 1981. A l'heure où les libéraux sont attaqués par une nouvelle pensée unique qui en appelle au "retour de l'État" - a-t-il jamais disparu, chez nous ? - les leçons du ministre Monory méritent d'être rappelées.

Leçon n° 1 : la liberté économique profite à la croissance. Monory a ainsi été, sous la direction de Raymond Barre, l'artisan de la première libération des prix, qui a décorseté une économie alors planifiée par les sous-chefs de bureau du Louvre, où siégeait le ministère de la Finance. En 1978, il libère ainsi le prix du pain (réglementé depuis la Révolution française !) et celui de la plupart des produits industriels.

Leçon n° 2 : pour orienter l'épargne vers les entreprises, la Bourse est fort utile. L'ancien garagiste, tout à la fois pragmatique et politique, est l'inventeur des fameuses "Sicav Monory", véhicules d'investissement populaire qu'il défiscalise largement. En deux ans, près d'un million d'épargnants prennent d'assaut le Palais Brogniart et renforcent ainsi les entreprises cotées.

Leçon n° 3 : un budget, fût-il celui de la nation, doit être à l'équilibre. 1980, le dernier exercice budgétaire du gouvernement où Monory officie, sera tout proche du déficit zéro. Et la faible dette qu'il laisse autorisera tous les excès socialistes dans les deux ans qui suivent. Trois leçons fort contemporaines qui méritaient un coup de chapeau.

Loudun, la ville dont Monory était le maire, est restée célèbre pour ses exorcismes de démons - à l'époque lointaine de Richelieu. René Monory a su exorciser un certain nombre des démons français touchant à l'économie, avec le tempérament de Pinay rehaussé d'une pointe de Thatcher. Mariage improbable, que seul un homme de bon sens pouvait réussir. Mais son ?uvre n'est pas terminée : il attend des successeurs.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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oui, vraiment un" grand homme", si cette appellation a encore un sens aujourd hui .

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je propose que nous remplacions Mariane (pas le journal!) par René (MONORY) pour la représentation de la France: il a, en effet, bien mérité cet honneur.

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