Certaines révisions statistiques restent très abstraites : par exemple, lorsque nous apprenons avec six mois de retard que le produit intérieur brut a finalement reculé de 1,3% au premier trimestre 2009 au lieu des 1,2% annoncés. En revanche, les statistiques de l'état civil pour 2008 viennent de nous apporter 27.400 bébés de plus que les prévisions faites au printemps. Au total, 828.404 enfants sont nés vivants en France (et quand même 8.838 morts-nés) l'an dernier au lieu des 801.000 prévus.
L'année 2008 frôle ainsi le pic des naissances atteint en 2006 (à 948 près) et confirme le baby-boom commencé en l'an 2000. Bonheur, fierté et salut à la mémoire de Michel Debré (l'ancien Premier ministre du général de Gaulle connu pour son natalisme). L'indicateur de fécondité est d'ailleurs passé de 1,65 enfant par femme à 2 entre 1993 et 2008. Les Françaises font plus d'enfants qu'avant, telle est la conclusion logique. Eh bien, pas du tout. La démographie est une science beaucoup plus retorse qu'il n'y paraît.
L'indicateur de fécondité agrège toutes les naissances par âge de la mère (entre 15 et 50 ans) une année donnée, et extrapole : si toutes les femmes ont au cours de leur vie un comportement fécond identique à celui constaté cette année-là, alors le nombre d'enfants par femme sera de 2 (pour prendre l'exemple de 2008). Calcul théorique. Une autre façon d'aborder le problème est de regarder combien d'enfants ont eu au cours de leur vie les femmes ayant eu 50 ans en 2008. Femmes réelles, enfants réels. C'est ce qu'on appelle la descendance finale. Ce chiffre constaté pour 2008 est de 2,13 enfants par femme.
Et cet indicateur, année après année, baisse tout doucement. Il rejoint la descendance finale des femmes nées à la fin du XIXe siècle, autour de 2, après une "bosse" constatée chez les femmes nées entre 1910 et 1940, qui ont eu jusqu'à 2,6 enfants (le pic étant les générations nées autour de 1930). Conclusion : il y a plus d'enfants qui naissent, mais les Françaises n'ont pas plus d'enfants.
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