FMI, continuité ou rupture

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef à La Tribune.
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Quel FMI après DSK ? L'homme de la suite 2.806 a imprimé une telle marque sur la vieille institution de Bretton Woods que la question de sa succession pose, implicitement, celle de la continuité de la politique menée. Les Européens, à juste raison, revendiquent le poste, arguant, au-delà de la tradition historique, que les problèmes de l'heure sont avant tout... européens.

Certes, les peuples grec, irlandais et portugais sont, on le voit chaque jour, dans les manifestations de rue, moins dithyrambiques que leurs gouvernements sur les vertus de leur ex-"ami" du FMI qui, sous couvert d'une plus grande sensibilité sociale, leur a imposé une potion de rigueur bien amère. Mais, après tout, c'est moins le FMI de DSK, objectivement moins caricatural que par le passé, qu'ils doivent blâmer que les gouvernants qui les ont conduits dans ce mur (de dette). Le socialiste Dominique Strauss-Kahn a été un médecin attentif aux plus pauvres plutôt qu'un policier brutal, et son mandat a sans aucun doute redonné au Fonds une légitimité qu'il avait largement perdue. Nommer un autre Européen, ou une Européenne, comme Christine Lagarde, serait donc une solution de continuité, en pleine présidence française du G20. Le talent de DSK, conseillé par les meilleurs économistes de la planète, tel Olivier Blanchard, aujourd'hui orphelin, a été de comprendre que le monde post-Lehman Brothers avait besoin d'un retour de l'Etat keynésien. 

A l'heure où l'inflation menace de devenir le nouveau problème du monde et où le centre de gravité de l'économie bascule vers l'Est, peut-être que le FMI aura besoin, quelle que soit la nationalité de son nouveau directeur général, de promouvoir une autre politique. Y faut-il un avocat, habile négociateur, américano-compatible, ce qui correspond bien au profil de Christine Lagarde ? Ou bien un économiste de haut vol, visionnaire et capable de définir avec autorité les priorités pour gouverner le nouvel ordre mondial ? Cette seconde option plaide plutôt pour une rupture, avec la nomination d'un représentant du monde émergent, oriental, voire chinois.

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