"Il faut en finir avec le capitalisme-casino"

Alors que des plans d'austérité se mettent en place partout en Europe et que la crise de la dette n'en finit plus d'inquiéter les marchés et les gouvernements européens, les syndicats ont fort à faire. Pour Bernadette Ségol, la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), la crise est l'occasion de redéfinir une Europe plus juste et solidaire.
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Que pensez-vous de l'austérité mise en place partout en Europe ?

Il faut revenir à l'équilibre budgétaire dans la zone euro mais les moyens adoptés ne sont pas les bons. Pour rééquilibrer les comptes des pays endettés, il faut de la croissance. Or, les plans d'austérité tels qu'ils sont mis en place attaquent les plus vulnérables, détruisent le tissu social et pénalisent la croissance, à l'image de la Grèce ou de l'Espagne. Pour sortir de la crise, l'austérité systématique n'est pas la solution, il faut mettre en place des mesures de relance pour, par exemple, lutter contre le chômage des jeunes qui atteint 46% en Espagne et au moins 20% à 25% partout ailleurs. Il faut aussi que les pays examinent de nouvelles manières d'accroître leurs revenus avec davantage de solidarité et de justice sociale, notamment en relançant l'investissement ou en luttant contre les fraudes et les évasions fiscales. Mais c'est également un combat à l'échelle européenne.

Justement, vous appelez à « changer de cap » au niveau européen. Que préconisez-vous ?

L'Europe ne doit plus hésiter. Ses dirigeants doivent franchir un cap vers davantage de solidarité et de fédéralisme avant que l'Europe ou l'euro se cassent la figure. Nous avons un besoin urgent d'un leadership européen, d'une vraie gouvernance économique et de décisions politiques courageuses. L'instauration des obligations européennes et d'une taxe sur les transactions financières est indispensable, tout comme la transparence des banques, voire la création d'une banque européenne de la dette. Il faut en finir avec le capitalisme-casino, arrêter cette spéculation irrationnelle sur les marchés qui sape l'économie européenne. Nous sommes conscients de l'ampleur des décisions à prendre et de ce que cela implique au niveau institutionnel. Mais les initiatives à court terme n'ont pas suffi, il est temps de voir plus grand car on ne peut plus laisser l'emploi se dégrader.

Comment le syndicalisme européen peut-il tirer parti de la crise ?

La crise renforce la conscience des syndicats européens dans la nécessité d'une action collective. Le fossé est tellement grand entre les populations et les décideurs que nous avons besoin que le syndicalisme, qui est un mouvement organisé, fasse l'intermédiaire et veille à ce que la gouvernance économique européenne que nous souhaitons ne se fasse pas à l'encontre du modèle social, des services publics et de la protection sociale. Les manifestations, comme celle qui aura lieu le 17 septembre à Wroclaw en Pologne, sont un moyen de nous faire entendre. Mais nous avons aussi des moyens d'action via nos contacts avec les parlementaires nationaux ou européens, et certains politiques nous écoutent davantage depuis la crise. Nous nous réjouissons que les gouvernements s'interrogent sur le fait que l'austérité n'est pas forcément la seule réponse. Cela fait des années que nous le disons. Pour moi, c'est une victoire syndicale.

Pourquoi organiser votre euro-manifestation du 17 septembre en Pologne ?

Le premier objectif est de rappeler aux leaders politiques européens, qui se réunissent à l'occasion de l'Ecofin, qu'ils doivent faire le choix de la solidarité et non plus laisser les commandes aux marchés financiers et aux agences de notation. Le deuxième objectif est d'attirer les regards sur la situation sociale dans certains pays d'Europe de l'Est, comme la Hongrie, la Roumanie ou la République Tchèque. En Hongrie, le Parlement veut modifier le code du travail, ce qui entraînerait la diminution drastique de la protection syndicale et la capacité des syndicats à négocier. Nous avons alerté la Commission car il s'agit d'une violation des droits fondamentaux européens, et nous ne pouvons pas tolérer que l'Europe soutienne ce genre d'initiatives qui vise à tuer le syndicalisme.

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Commentaires 24
à écrit le 09/09/2011 à 8:06
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Le capitalisme tel que nous le vivons depuis déja une bonne décennie a été inventé par des technocrates de la vieille europe pour mener à bien des fins politiques. Il s'agissait d'un outil de reconstruction de l'europe. Actuellement le plus petit tre...

à écrit le 08/09/2011 à 20:46
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Il serait judicieux de taxer la revente rapide, moins à moyen terme, et exonerer passée une certaine durée, et récompenser la stabilité de l'investisseur.

à écrit le 08/09/2011 à 12:54
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cette économie casino ne nous préserve pas de la crise, de la récession, du chômage bien au contraire ! à quoi sert l'Europe si ce n'a été d'entretenir la bulle immo et génerer une crise financière ! à quand une gouvernance économique et une vrai "ré...

à écrit le 08/09/2011 à 12:23
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pour calmer les speculateurs, une bonne taxe tobin fonction du nombre d'aller retour et de la fréquence d'achat-vente sur les actions les calmerait certainement. donc moins de profits abusifs des traders, maintenant que faire avec cet argent? , da...

le 08/09/2011 à 13:37
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Pourquoi calmer les spéculateurs ? en politique il y a des spéculateurs/tices trés dangereux/euses qui produisent rien ,au moins les spéculateurs(les bons) ont de l'argent à dépenser..

à écrit le 08/09/2011 à 9:55
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L'économie casino se nourrit d'une Europe qu'on a construit comme un immeuble avec des fondements pourris. Quand on triche sur les comptes du pays, quand les milliardaires font toute sorte de magouilles pour ne pas s'acquitter de leurs impôts, quand ...

le 08/09/2011 à 16:19
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Il est vrai que les millardaires essaient d'utiliser au maximum la loi pour payer moins d'impôts. Ils ont les moyens de s'entourer de conseils pertinents bien que coûteux. Mais les autres, les pas millardaires, pas millionnaires, les classes moyennes...

à écrit le 08/09/2011 à 9:03
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et blablablabla, je me fais mon fric en racontant ce que ceux qui n'y comprennent rien veulent entendre blablablabla et blablabla voilà ça ira mieux après...

à écrit le 08/09/2011 à 8:31
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Il faut en finir avec les collectivistes (la gauche) et les conservatuers (la droite, très à gauche d'ailleurs) et enfin mettre au pouvoir les libéraux humanistes comme Alternative Libérale. Sans cela la France continuera de s'enfoncer et de s'appauv...

le 12/09/2011 à 13:49
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ah bon ? et comment se définit un libéral humaniste ? (nb: termes antagonistes, autant marier le feu et l'eau). Nous voyons actuellement ce qu'est le libéralisme humaniste en Europe !

à écrit le 08/09/2011 à 7:56
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Il y a assez de bon sens dans cette intervention. Il faut absolument sauver et l'Europe et l'euro. Mais pour cela l'économie doit être saine. La protection sociale est nécessaire, mais elle ne doit pas être paralysante. Le minimum vital doit être dis...

à écrit le 08/09/2011 à 7:32
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A bas l'ultra collectivisme étatique, c'est à cause de cela que nous en sommes la, ce ne sont pas les marchés qui ont créés ces millions de fonctionnaires en trop, l'ena, les déficits et l'interventionnisme étatique dans l'économie. Vive le libéralis...

le 08/09/2011 à 9:05
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Le libéralisme humaniste est une faux crédo et un vrai hiatus.

le 08/09/2011 à 10:45
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Ah oui ? Et comment cela ? Quoi de plus concret que de prendre des mesures indispensables comme supprimer des millions de fonctionnaires en trop, diviser les ministères par deux et les faire manger à la cantine (comme en suède), casser les monopoles ...

le 08/09/2011 à 11:00
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bienvenue dans le merveilleux pays de reagan et de thatcher et mettons les pauvres dans des stalags corvéables et taillables à merci.

le 08/09/2011 à 11:07
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Encore du dogmatisme et de l'idéologie. Où est-elle votre paupérisation de la France? Entre vos oeillères et vos yeux?

le 08/09/2011 à 12:18
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associer libéralisme et humanisme c'est fort de café! la crise a montré que sans réguation c'est la gabegie! plus de libéralisme, c'est plus d'excès!

à écrit le 08/09/2011 à 6:00
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Suis surpris de ce type de naivete ! et la politique casino! qui est le facteur destabilisateur majeur des gouvernements socialo./bcbg,Gréce,Espagne,Portugal etc..;faudrait peut être se poser la question : pourquoi pendant des années ces gouvernemen...

à écrit le 08/09/2011 à 5:59
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Il faudrait d'abord respecter les termes des traités existants. Qui en est capable aujourd'hui? C'est bien la preuve qu'une Europe fédérale est une utopie.

à écrit le 08/09/2011 à 5:35
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Rien qu'à lire le premier paragaphe, on sait que c'est démamgo et compagnie ! Sauvez les femmes et les enfants, mettre au travail le sjuens, etc. sont de vieux slogans. Comme si un homme de 50 ans qui se retrouvent au chômage aujour'dhui n'était pas ...

à écrit le 08/09/2011 à 4:36
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tout à fait d'accord la crise de 2008 les gourvernements avaient fait des promesses et que voit ton rien les financiers jouent toujours au casino et c nous qui allons encore réglé la note ce qui veut dire que ce sont bien les copains du pouvoirs ...

le 08/09/2011 à 8:29
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JE vous arréte ce ne sont pas les banques les responsables du déficit français chronique depuis 35 ans, ce sont les gouvernements en commencant par les pires, c'est à dire ceux de Mitterand qui ont ouvert les vannes géantes de l'endettement de l'état...

le 08/09/2011 à 12:15
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à libre, soyez honnète, arrétez de vous cachez derrière un faux nez, pour vous droite et gauche sont pareils ce qui est évidemment ridicule, vous semblez sans le dire penser qu 'une autre solution serait possible .si c'est l'extrème droite, dites le...

le 08/09/2011 à 15:58
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Je crois que l'on ne peut en aucun cas m'accuser de me cacher derriere quoi que ce soit. Je dis les choses clairement. J?affirme que la gauche (les collectivistes) et la droite (les conservateurs) Font à peu de choses prés la meme politique. Et j?aff...

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