Comment la Mauritanie s'équipe pour préparer son décollage économique

De notre envoyé spécial à Nouakchott – Le 55e anniversaire de l'indépendance de la Mauritanie, 28 novembre, a été l'occasion de nombreuses festivités et événements organisés à Nouakchott, la capitale, pour mettre en lumière la volonté de décollage économique de ce pays du Sahel.
Déchargement d'un navire sur le port autonome de Nouakchott, qui va être doté d'un terminal spécial pour conteneurs.

Ainsi, à la veille de la fête nationale, le président Mohamed Ould Abdel Aziz - qui a fait de ce décollage économique l'une des priorités de son deuxième mandat, avec la sécurité retrouvée aux confins du pays - et son Premier ministre, ont multiplié les manifestations : inauguration d'une nouvelle centrale électrique, d'une ferme éolienne, du siège de la Banque nationale de Mauritanie ; visite du nouvel aéroport de Nouakchott, dont les travaux devraient s'achever en février, et supervision des projets d'extension du port de la capitale.

Autant d'équipements structurants, achevés ou en cours de l'être, et qui qui témoignent de la volonté de faire franchir à la Mauritanie un nouveau cap sur la voie du développement. La Somelec (Société mauritanienne de l'électricité) vient ainsi de mettre en service au nord de Nouakchott sa cinquième centrale électrique en cinq ans, fonctionnant au fuel et au gaz naturel. Celle-ci a une capacité de 180 MW, dépassant largement les besoins de la capitale (environ 100 MW) et permettant ainsi de vendre une grande partie de sa production au Sénégal voisin.

Une nouvelle centrale électrique

Président du Conseil d'administration du port autonome de Nouakchott, Hamadi Ould Baba Ould Hamadi explique quant à lui que le port est « un outil stratégique du développement et de la souveraineté du pays » et qu'il se doit d'être à la hauteur du trafic attendu. Mis en service en 1987, le port est en effet passé de 400 000 tonnes de fret à 4 millions de tonnes (vrac) et environ 133 000 containers en 2014. D'où la nécessité de travaux d'extension qui constituent « un défi technologique, technique et écologique » pour accroître ses capacités commerciales.

Au port de la capitale, un terminal spécial pour conteneurs

Le port de la capitale, qui donne du travail à 4 000 dockers et employés, génère plus de 85 % des recettes douanières du pays. Sur les quais, les grands groupes sont présents : le danois Maersk gère près de 60 % du trafic, loin devant le français CMA-CGM (environ 28 %) et l'italien MSC (Mediterranean Shipping Company).

« Le trafic a grandi de façon exponentielle avec 9 % de croissance annuelle, mais son potentiel est encore important », relève le DG du Port autonome, en soulignant l'urgence de créer un terminal spécial pour conteneurs, d'ici à 2017. Les études sont déjà réalisées pour ce projet en PPP (partenariat public-privé) qui a pour ambition de concurrencer un jour les ports de Tanger, Conakry ou Dakar.

Un nouvel aéroport mis en service en juin 2016

La capitale mauritanienne entend également concurrencer son homologue sénégalaise avec la mise en service, en juin 2016, du nouvel aéroport international de Nouakchott Oumtounsy. À une vingtaine de kilomètres de la capitale, se construit en effet depuis juillet 2012 une nouvelle plateforme aéroportuaire sortie de terre dans un désert à perte de vue, là où il y a trois ans on ne trouvait encore strictement rien, si ce n'est quelques tentes, chèvres et chameaux.

Avec deux pistes de 3 400 et 2 400 mètres permettant l'atterrissage et le décollage de tous les gros porteurs comme l'Airbus A380 ou le Boeing 747, ce nouvel aéroport de Nouakchott a pour ambition de devenir un « hub » international, facilitant notamment les liaisons entre l'Afrique et l'Amérique latine. Il pourrait bien prendre de vitesse et donc rafler une partie du marché convoité par le nouvel aéroport de Dakar, qui a pris plusieurs années de retard - et dont le coût global a déjà été multiplié par quatre !

« Dans ma jeunesse, confie Kebir Ould Sellamy, ingénieur principal et coordinateur général de l'ouvrage, il n'y avait pas en Mauritanie un seul mètre de route goudronnée ». Aujourd'hui, il est fier de participer à la finalisation de cette aérogare flambant neuve, flanquée d'un salon d'honneur quelque peu pharaonique...

Un système de troc a permis de financer l'aéroport

Première banque privée du pays comme son nom ne l'indique pas, la BNM (Banque nationale de Mauritanie) participe bien sûr elle-aussi au financement d'un investissement aussi important pour le pays. Son PDG, Mohamed Ould Noueigued, qui est lui-même pilote et très fier de sa « licence française », nous confirme que « l'État mauritanien n'a pas déboursé un centime pour sa réalisation » financée par un système de troc : travaux contre terrains (déjà revendus) de l'actuel aéroport.

Réputé être à la tête de l'une des principales fortunes du pays, le patron de la BNM fait aussi dans le social. « Je suis fortuné, Dieu merci, mais il y a de la concurrence », reconnaît-il en nous donnant quelques exemples de ce que fait concrètement sa Fondation : prise en charge des frais de gestion de l'hôpital de Chinguetti, ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco ;  livraison d'un scanner de dernière génération à l'hôpital psychiatrique de la capitale et financement de nombreux forages de puits - tant il est vrai que l'eau, dans ces régions désertiques, c'est de l'or !

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