La Mauritanie veut « faire de Nouadhibou un pôle de compétitivité » (Mohamed Ould Daf)

Président de la Haute autorité de la Zone franche de Nouadhibou depuis 2014, Mohamed Ould Da - qui a rang de ministre -, conduit les importants chantiers en cours dans ce grand port mauritanien. Avec pour ambition de faire de la capitale économique du pays « un hub régional, un pôle de compétitivité et un centre d´excellence ». Économiste de formation, il détaille ici les avantages d'investir dans cette zone franche.
Mohamed Ould Daf, président de la Haute autorité de la Zone franche de Nouadhibou

Bruno Fanucchi - Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a lancé en 2013 le projet de zone Franche de Nouadhibou, que vous avez la charge de conduire. Où en est-on aujourd'hui ?

Mohamed Ould Daf - Trois ans après son lancement en juin 2013, la Zone franche de Nouadhibou poursuit sa phase d´émergence en améliorant progressivement la qualité des services publics essentiels au développement d´un pôle de compétitivité. Avec deux grands projets : le futur port en eaux profondes, et le nouvel aéroport de Nouadhibou. Il faut y ajouter un autre volet important : les chantiers d´infrastructures routières et d'aménagement des zones d'activités, lancés en 2015 et déjà finalisés à 70%. Et citer en exemple l'achèvement de la corniche sur dix kilomètres et la poursuite des travaux de la voie de contournement de la ville.

Pour réaliser ce grand projet, vous avez mis en place un partenariat public-privé...

Oui. Nous avons pu développer une plateforme de dialogue public-privé pour offrir un cadre efficace de concertation avec les opérateurs du secteur privé, qui sont aujourd´hui des partenaires dynamiques pour la conception et la réalisation de la baie de Nouadhibou. Il s'agit désormais de mobiliser les ressources et partenaires nécessaires au financement des infrastructures structurantes dans le cadre de partenariats public-privé.

Comment se traduit concrètement ce partenariat ?

Concernant l'aménagement du port en eaux profondes, la phase d´études est déjà finalisée et validée et nous allons passer à la phase de réalisation. Nous avons enregistré énormément d´offres de grands groupes qui sont disposés à nous accompagner dans cet ambitieux projet de l'ordre de 350 à 400 millions d´euros d'investissements. Les contrats devraient être signés courant 2017 et les travaux débuteront en 2018, pour une durée de trois ans. Notre ambition est de doter ce nouvel outil des technologies de dernière génération, afin de faire de Nouadhibou un port incontournable dans la sous-région.

Le nouvel aéroport de Nouadhibou remplacera l´actuel, lequel ne correspond pas aux normes internationales. Construit à dix kilomètres de la ville, il pourra accueillir entre 300 000 et 400 000 passagers par an.

Notons aussi les travaux d´extension en cours du port de pêche artisanale pour mieux répondre aux attentes et exigences d´un secteur qui compte plus de 36 000 acteurs. Il s´agit d´améliorer les capacités d'amarrage et les conditions de sécurité afin de faire face à un nombre croissant d'embarcations qui sont passées de 450 à 3700 entre 1997 et 2013. La construction d´un quai pour bateaux de pêche côtière, avec quatre pontons d'amarrage pour les pirogues, ainsi que l´aménagement de digues, est en phase de finalisation.

Quels sont les avantages offerts aux investisseurs dans la Zone franche de Nouadhibou ?

Essentiellement de trois ordres : les dérogations fiscales, les avantages douaniers et le régime de change. Concernant les dérogations fiscales, l'Etat garantit aux entreprises agréées la stabilité des conditions applicables à leur investissement pendant une période de vingt ans. Ceci leur confère un régime dérogatoire comprenant une exonération totale de tout impôt jusqu´au 7e exercice, un taux réduit de 7% d´impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, du 8e au 15e exercice, et un taux de droit commun de 25% à partir de la seizième année.

La Zone franche constitue un territoire particulier où les marchandises bénéficient, à l'importation comme à l' exportation, d´un régime spécial les exonérant de droits et taxes de douane.

Et qu'en est-il du régime de change ?

Les entreprises agréées peuvent librement effectuer tout transfert de fonds lié à leurs activités, notamment pour les opérations courantes, en capital en cas de cession ou de liquidation des investissements, des distributions de bénéfices ou de dividendes, les remboursements de prêts et intérêts bancaires, les paiements pour achats de biens et de services à l'étranger.

L´installation de banques offshore est également prévue, afin de mieux fluidifier les flux financiers et faciliter davantage les opérations.

Combien d'entreprises sont installées à ce jour dans la Zone franche ?

Nous en sommes à 255 entreprises dont les activités couvrent plusieurs secteurs, allant de la pêche aux services, en passant par la distribution, le transport et l´énergie. Cet ambitieux projet vise donc à positionner Nouadhibou comme un hub régional, un pôle de compétitivité et un centre d'excellence.

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