Marc-Arthur Gauthey, l'historien de la French Tech

#FrenchTech Pour la quatrième édition du « festival des startups » – trois journées « portes ouvertes » au public –, qui se tient à travers la France du 28 au 30 mai, le fondateur de Startup Assembly, 29 ans, y ajoute une dimension de recrutement.
"Avoir un regard critique et intellectuel sur la technologie et l'innovation" Marc-Arthur Gauthey

Leetchi et Uber lui ont fait oublier Basile Ier et Constantin IX Monomaque. Il y a quelques années encore, Marc-Arthur Gauthey se passionnait pour la Grèce de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, celle des Basileus.

Mais aujourd'hui, c'est l'histoire du temps présent qui captive ce jeune homme de 29 ans : son intérêt, jadis tourné vers les dirigeants byzantins, se concentre désormais sur les chefs de file de l'innovation.

Des startups innovantes et créatrices d'emplois

Au silence des bibliothèques et au « romantisme des vieilles pierres », ce licencié ès histoire à la Sorbonne et détenteur d'un master à l'université de Madrid a préféré l'observation in situ et l'échange. Constatant l'émergence d'une mouvance entrepreneuriale nouvelle en France, il a organisé les premières Journées du patrimoine des startups, en septembre 2012.

« La France a de beaux monuments issus d'un passé historique riche. Mais elle possède aussi un vivier d'entreprises remarquables, innovantes et créatrices d'emplois.

Ce patrimoine méritait d'être connu du grand public, à travers un événement entièrement gratuit, pour être accessible à tous. L'action de Startup Assembly relève quasiment du service public », revendique Marc-Arthur Gauthey, à l'heure des derniers préparatifs avant la quatrième édition de ce festival de l'innovation, du 28 au 30 mai.

Il y a quelques semaines encore, c'est le Ouishare Fest - le festival de l'économie collaborative organisé par le groupe de réflexion et d'action du même nom - qui mobilisait toute son attention : depuis 2012, il gère la communication de l'événement.

« Marc-Arthur a de bonnes intuitions en communication. Il capte les signaux de l'époque, et est force de proposition. Il présente ses idées avec un éclat de malice dans les yeux. Il est volontaire, chaleureux et capable de travailler dur », confie Antonin Léonard, le cofondateur de Ouishare, qui apprécie « le regard critique et intellectuel de Marc-Arthur sur la technologie et l'innovation ».

Ce libre-penseur, qui « aime l'action mais aussi prendre du recul », publie régulièrement des tribunes pour exposer ses points de vue, et il fait son entrée en librairie, avecSociété collaborative. La fin des hiérarchies (Rue de l'Échiquier), un ouvrage collectif qui vient de paraître.

Sur tous les fronts - y compris ceux de l'enseignement et du consulting -, Marc-Arthur Gauthey ne ménage pas ses efforts pour attirer les visiteurs. Le mois de septembre étant chargé pour tous, il a modifié le calendrier des Journées du patrimoine des startups, devenues printanières et rebaptisées Startup Assembly. En juin 2014, il a apporté sa pierre à l'édifice du premier festival de la French Tech, avec 600 startups sur le pont et 7.000 visiteurs reçus.

« Cette année, 1.000 startups participent à Startup Assembly. Toutes les régions de France sont représentées : il y aura des "portes ouvertes" à Paris, Nantes, Bordeaux, Montpellier, Toulouse, Lyon, Lille et jusqu'en Martinique et en Guadeloupe. Mais de nombreux rendez-vous sont aussi prévus dans des villes que l'on attend moins, comme Saint-Malo, Dijon ou encore Quimper, qui est plus dynamique que Strasbourg cette année. »

L'organisateur espère 15.000 visiteurs, « des néo-trentenaires, autant d'hommes que de femmes, qui sont simplement curieux, ou qui cherchent des conseils, un stage ou un emploi ».

Bon observateur du monde en marche

Marc-Arthur Gauthey prend le pouls des participants lors de chaque édition, enchaînant les visites sur le terrain et débriefant par sondage.

« J'ai constaté l'an dernier que beaucoup de visiteurs venaient avec leur CV, et plusieurs entreprises m'ont dit avoir trouvé des salariés lors de Startup Assembly.

Nous avons des startups en croissance qui peinent à recruter les profils dont elles ont besoin, car leur activité nécessite de nouveaux métiers pour lesquels il existe peu ou pas de formations.

D'où l'idée d'intégrer à l'événement des offres de recrutement gratuites et mises en évidence sur notre site Internet. »

Outre les traditionnels apéritifs et barbecues organisés pendant le festival, quelque 3.000 postes de développeurs, développeurs pour appareils mobiles et designers UX seront à pourvoir chez Blablacar, Lengow, Snips, Capitaine Train, iAdvise ou encore La Ruche qui dit oui.

Le cérébral Marc-Arthur Gauthey entend aussi faire connaître le monde des startups aux étudiants, « car c'est l'environnement professionnel de demain », ainsi qu'aux hommes politiques, « pour leur permettre de comprendre les problématiques des entrepreneurs et éviter une autre révolte des "pigeons" ».

Des énarques face aux startups

Pour la première fois, ce jeudi 28 mai, 80 étudiants de l'ÉNA devraient avoir participé à ces « portes ouvertes ».

« Marc-Arthur Gauthey est venu à nous sans a priori. Il s'est montré à l'écoute de nos préoccupations et dans le partage de notre ambition de construire des ponts entre différents univers. Il est innovant, réactif, sérieux et très professionnel : tout à fait le genre de personne avec qui l'on peut mener une expérimentation comme celle-ci », détaille Nathalie Loiseau, la directrice de l'ÉNA.

Lui-même a plongé dans l'entrepreneuriat au cours de ses études, en mastère management et marketing à HEC. Issu d'une famille d'entrepreneurs, dont il est à ce jour le seul représentant du secteur numérique, il monte une autoentreprise pour encaisser les cachets de son groupe de jazz manouche, explore le développement d'affaires chez le lunetier en ligne Jimmy Fairly, et se rode à la création d'entreprise lors du premier Startup Week-end organisé à HEC, avec un projet de plateforme pour des joutes verbales en vidéo. Il ne remporte pas ce concours, mais trouve au sein de son équipe son futur associé, Mathieu Seguin.

En décembre 2011, les deux étudiants cofondent Cup of Teach, une université en ligne entre particuliers et experts, qu'ils céderont faute de traction suffisante en mai 2013.

« Marc-Arthur excelle en "pitch" et il sait mobiliser les gens autour de lui. C'est cette qualité qui lui a permis de faire grandir les Journées du patrimoine des startups, et de réunir autant de sponsors », note son ancien associé.

Parmi ses soutiens (Afic, la Maif...) de la première heure figure Google.

« Nous avons tout de suite eu envie de suivre Marc-Arthur Gauthey. Au fil des années, il s'est structuré. Il est généreux dans son engagement, quitte à finir épuisé. Et il est charmant : il m'a envoyé des fleurs pour me remercier, à la fin de la dernière édition », sourit Élisabeth Bargès, responsable des relations institutionnelles de Google.

Un travailleur nomade revendiqué

Marc-Arthur Gauthey s'est parfois invité dans les locaux parisiens du géant américain. Mais c'est surtout à la Mutinerie, l'espace de travail collaboratif dont il est un des administrateurs, qu'il pose régulièrement son ordinateur. Pour monter l'édition 2015 de Startup Assembly, Marc-Arthur Gauthey s'est entouré de deux stagiaires. L'événement grandit, mais son budget reste stable.

« En triplant le budget actuel, on pourrait internationaliser Startup Assembly, qui n'a pas d'équivalent ailleurs dans le monde. Startup Assembly pourrait connaître le même destin que la Fête de la musique, impulsée en France par l'ancien ministre de la Culture Jack Lang en 1985 et qui est désormais déclinée dans plus de 120 pays », rêve cet amoureux de l'Amérique latine. Il songe à s'installer là-bas d'ici à deux ans.

Dans un futur proche, il pourrait aussi s'atteler au business plan d'une nouvelle entreprise, « afin de réinventer la politique, et de remettre le citoyen au cœur des processus décisionnels ». La démocratie athénienne, en version 2.0.

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>>> Pour en savoir plus sur Startup Assembly 2015

startup assembly

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Commentaires 2
à écrit le 28/05/2015 à 10:03
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Ça fera des succès d'estime et de la pub pour le gouvernement "ami" des start-ups. Pourtant l'histoire est écrite. Les meilleurs sont partis, partent et partiront car construire en France c'est construire de l'inégalité. La réussite doit donc être pu...

à écrit le 27/05/2015 à 20:09
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Une France dynamique, loin des déclinologues qui pullulent sur les forums. Bravo a tous ces jeunes qui vont redresser ce pays.

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