Quoi de neuf à part l'IA  ?

HOMO NUMERICUS. L'IA accapare toute l'attention. Ce n'est pas anormal compte tenu qu'elle révolutionne nos existences. Mais elle n'est pas tout. Loin de là. Avec ou sans l'IA, beaucoup d'autres composantes de la science informatique avancent vite. Elles aussi pourraient changer le monde. Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.
Le premier ordinateur quantique (photo) produit dans la ville de Wako, préfecture de Saitama, au Japon, le 27 mars 2023. Les cas d'usage du quantique dans la vie quotidienne sont nombreux, en particulier pour des secteurs qui brassent d'énormes quantités de données : santé, transports, télécommunications, cryptographie et bien sûr, applicatifs dédiés à l'IA.
Le premier ordinateur quantique (photo) produit dans la ville de Wako, préfecture de Saitama, au Japon, le 27 mars 2023. Les cas d'usage du quantique dans la vie quotidienne sont nombreux, en particulier pour des secteurs qui brassent d'énormes quantités de données : santé, transports, télécommunications, cryptographie et bien sûr, applicatifs dédiés à l'IA. (Crédits : Koki Kataoka / The Yomiuri Shimbun via Reuters Connect)

Il n'est pas anormal (doux euphémisme alors qu'une révolution, lancée à pleine vitesse, s'apprête à presque tout emporter sur son passage...) que toute notre attention soit focalisée sur l'intelligence artificielle (IA). On le serait pour moins que ça... Avec l'émergence de ChatGPT, qui a cumulé plus de 4 milliards de visites depuis ses débuts, jamais l'intelligence artificielle n'a été si présente dans nos vies, suscité tant d'inquiétude et posé tant de questions de toutes natures. Pourtant, cet « arbre IA », aussi massif soit-il, ne doit pas nous cacher la forêt de l'informatique en général.

Car au-delà de cette focalisation sur ces IA génératives, ces algorithmes conversationnels, ces logiciels de traitement automatique du langage naturel ou de reconnaissance/recomposition d'images... bref, tous ces silos qui concourent à faire de l'IA une nouvelle science à part entière, figurent d'autres champs de recherche et applicatifs qui, eux aussi, avancent vite. Un peu passés sous silence ces derniers temps du fait d'une déferlante d'actualités centrées sur IA, beaucoup d'autres sujets méritent pourtant que l'on s'y arrête. Le temps d'une chronique n'y suffira pas mais au moins permettra-t-elle de faire remonter à la surface quelques autres « familles » qui contribuent à numériser nos vies d'aujourd'hui et de demain.

Le quantique : ordinateur du futur

La loi de Moore nous avait convaincus que la puissance d'un ordinateur doublait tous les 18 mois. Mais cette loi ne s'applique pas à l'ordinateur quantique qui, exploitant les propriétés de la matière à l'échelle de l'infiniment petit, serait capable de résoudre un milliard de milliards d'opérations par seconde. En pratique, les cas d'usage du quantique dans la vie quotidienne sont nombreux, en particulier pour des secteurs qui brassent d'énormes quantités de données : santé, transports, télécommunications, cryptographie et bien sûr, applicatifs dédiés à l'IA. Etats, grandes entreprises technologiques (IBM, Thalès...), GAFAM, startups (citons ces quelques pépites françaises : Pasqal, Alice&Bob...) font partie de cette course pour construire l'ordinateur du futur.

L'algorithmie en plein essor

Quant à l'algorithmie, cette matière qui permet de concevoir et d'automatiser des suites d'opérations en vue de résoudre un problème, cette science est en plein essor du fait que de plus en plus de logiciels ont besoin de ces programmes pour fonctionner. Algorithmes de recherche, de recommandation, de réputation... Ils font désormais partie de nos vies au point qu'ils influencent opinions et points de vue, en déterminant les actualités que nous voyons, les personnes que nous rencontrons, les groupes politiques, sociaux ou culturels auxquels nous appartenons. S'il était encore besoin de prouver que l'algorithmie avance vite, et cela avec l'aide de l'IA pour concevoir et maintenir ces programmes, la Commission européenne a récemment inauguré en Espagne son Centre européen pour la transparence algorithmique avec notamment pour objectif de surveiller les pratiques des « Big Tech » sur cette matière.

Contrer les menaces cyber

Un autre domaine sur lequel de nombreuses ressources financières et humaines sont déployées est la cybersécurité. Qu'il faille développer de nouveaux outils de cryptographie ou des protocoles biométriques spécifiques pour s'identifier et effectuer un paiement en ligne sécurisé, la cybersécurité est un champ en soi de développements futurs, en lien souvent étroits avec l'algorithmie, le quantique ou l'IA. Dans un récent livre blanc intitulé « Cybersecurité, Défis actuels et axes de recherche[1] », l'Inria liste les principaux sujets de recherche en cours ou à venir pour cette discipline appelée à prendre une place centrale au regard des technologies numériques que nous utilisons au quotidien. En l'espèce, l'urgence consiste à de plus en plus et de mieux en mieux sécuriser les objets connectés de l'Internet des objets, renforcer la protection de la vie privée des citoyens ou encore garantir l'efficacité des chiffrements embarqués dans les logiciels... l'explosion de la menace cyber rend cette discipline incontournable.

Réseaux et matériels

Tous ces sujets précédemment évoqués ne pourraient se développer et, pour certains d'entre eux, se mettre à notre portée sans l'existence d'infrastructures et de matériels qui rendent possible le traitement et l'acheminement de l'information. De façon très prosaïque, mais centrale, cela passe par la maintenance et l'évolution régulière des systèmes d'exploitation, des protocoles de communication et de l'infrastructure en tant que telle (câbles sous-marins, antennes 4G et 5G)... sans oublier la miniaturisation et l'accroissement de la puissance des puces et partant du matériel (tablettes, ordinateurs, smartphones....) à la portée de tous.

Dialogue hommes-machines

Enfin, et en lien avec la puissance des machines, les algorithmes ou les IA qui les font fonctionner ou encore le matériel et les infrastructures qui permettent de concrétiser tous ces environnements technologiques, le domaine de l'interaction Hommes-machines couronne le tout. Alliant sciences dites « dures » (neurologie, informatique...) et sciences humaines (linguistique, anthropologie, philosophie...), cet attelage trouve un débouché dès lors que l'on évoque des sujets qui s'intéressent à la façon de faire cohabiter les hommes avec les machines, ou inversement. Là encore, et pour des applicatifs comme les agents conversationnels (chatbots), voire la réalité virtuelle et augmentée, ce segment de l'informatique, connecté à tout le reste, évolue vite, lui aussi. Alors, quoi de neuf à part l'IA ?

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[1] https://files.inria.fr/dircom/extranet/livre_blanc_cybersecurite/resume.pdf

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