Pourquoi "l'uberisation" de la société est-elle tangible ?

Le succès de Uber a généré le néologisme « uberisation » de la société. Valoir 40 milliards de dollars en moins de six ans d'existence est proprement stupéfiant, surtout si le chiffre d'affaires n'est que de 1 milliard de dollars, mais concerne des milliers d'« emplois » dans le monde. Je propose une interprétation à ce succès.
(Crédits : reuters.com)

 L'économie mondiale est en mutation : le temps vaut plus que le capital. Les XIXe et XXe siècles sont une parenthèse de l'histoire économique et sociale. La révolution industrielle a conduit les hommes à devenir salariés.

Depuis 1945 environ, le salarié est passé d'une rémunération à la tâche à une rémunération mensuelle - en France, le CDI. Le secteur primaire - l'agriculture, pour l'essentiel - qui dominait avant la révolution industrielle, a été dépassé par le secteur secondaire (cols bleus de l'industrie), puis par les cols blancs du tertiaire. Le tertiaire lui-même (vers les 70% des emplois) a donné naissance aux activités sous-traitées (le quaternaire) comme le juridique, la finance, les études, la publicité.

Et finalement, apparaît aujourd'hui le quinternaire (la recherche, la créativité et l'innovation). L'entreprise devient de plus en plus quinternaire, qui valorise la recherche intellectuelle dont j'ai expliqué dans une autre chronique qu'elle différencie l'humain du robot (le robotcène).

Le quinternaire demande plus de temps que de capital

Le temps vaut de plus en plus cher. Tout ce qui fait économiser du temps est payé cher. La société a augmenté ses coûts de fonctionnement avec des acteurs économiques « à l'ancienne » trop lourds, face à l'individu qui fait gagner du temps et profiter de son talent propre.

Cette nouvelle économie achète du temps (Uber), de la conversation (Blablacar), un logement personnalisé (Airbnb), de l'investissement direct (Lending Club, Kickstarter), des besoins quotidiens (Leboncoin). Internet permet de clore cette parenthèse économique et sociale, nous entrons dans l'économie souple, à la demande, qui redonne place à l'humain. La France subit l'Uberisation. On connaît la théorie du chauffeur de taxi :

« Moins je travaille, plus j'augmente mes prix. Plus j'augmente mes prix, moins je travaille. »

Et voilà Uber. Le prix du logement atteint des sommets, les charges des hôtels grimpent: Paris est la première ville au monde de Airbnb. Le train est de plus en plus cher et perd en fiabilité et qualité ? Blablacar se développe rapidement et pèse un sixième de la SNCF. En France, l'uberisation est un signal faible ; c'est une chance pour se remettre en cause.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

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Commentaires 9
à écrit le 05/04/2015 à 14:41
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Uberisation ou Wallmartisation. Car Wall Mart à commencé avant la fourniture de biens pas chers au détriment des emplois salariés et des fournisseurs.

à écrit le 21/03/2015 à 22:44
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L'uberisation n'est pas la numérisation du service, c'est simplement le non-respect de règles imposées aux professionnels, par l'organisation d'une concurrence déloyale : cette dernière ne payera pas de taxe de séjour, ne payera pas de TVA, n'aura pa...

à écrit le 17/03/2015 à 21:02
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Uber, pas de soucis, je suis pour ! Uberpop, non ! C'est du travail au noir organisé à grande échelle !!

à écrit le 16/03/2015 à 18:45
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"L'uberisation" de la société ne doit rien à la technologie mais doit beaucoup à la déréglementation. Cette déréglementation sauvage qui va faire des chauffeurs de taxi,des hommes ruinés. Applaudissez avant que cela ne frappe à votre porte.

à écrit le 16/03/2015 à 14:01
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Ce qu'il faut noter dans cette évolution, c'est avant tout : - que l'emploi est pénalisé par l'état (les charges hôtelières sont écrasantes, l'inertie de la SNCF rend ce mastodonte inefficace, etc) mais l'état ne se remet pas en question : il contin...

le 16/03/2015 à 14:30
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L'état nous empêche d'être compétitif... Un boulet au pied qui nous empêche d'avancer convenablement !!!

le 16/03/2015 à 15:13
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Monsieur et si vous regardiez dans votre portefeuille au lieu de casser du sucre sur le gouvernement. Savez vous qu'elle le risque pour votre portefeuille avec UBER ? Par exemple à Melbourne récemment lors d'une grève carabinée des transport, UBER a ...

le 16/03/2015 à 15:49
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+1000 que tous les bobos parisien le sache uber et compagnie ce ne sont que des vampires qui font un gros travail marketing pour percer un marché en achetant des journalistes corrompus pour leur pondre des articles économiques en leurs faveurs person...

à écrit le 16/03/2015 à 13:00
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On sent bien dans ce sujet qu'il y a place a la création d'intermédiaire comme dans tout les secteurs décrits et en voies de disparition! Le moindre interstice est occupé par un parasite!

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