Président des riches un jour, président des « riches » toujours  ?

ÉDITO. Emmanuel Macron, qui avait gagné la casquette de « président des riches » lui collant à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock, a tout fait depuis la crise des « gilets jaunes » pour inverser ce « sentiment ». Pour quels résultats ? Par Philippe Mabille, directeur de la Rédaction.
Philippe Mabille
Il y a bien chez Emmanuel Macron une stratégie assumée, qui est de favoriser le pouvoir d'achat des actifs moyens et aisés.
Il y a bien chez Emmanuel Macron une stratégie assumée, qui est de favoriser le pouvoir d'achat des actifs moyens et aisés. (Crédits : Philippe Wojazer)

Qu'est-ce qu'un riche, en France aujourd'hui ? François Hollande, un connaisseur puisqu'il professait « ne pas aimer » lesdits « riches », avait fixé en 2007 la barre assez bas, autour de 4.000 euros. Son successeur, Emmanuel Macron, qui lui fait profession de nous encourager « à devenir riches » - on se souvient de sa formule « il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires » prononcé en 2015 - a mis la barre plus haut... On en trouve la mesure dans les réformes du quinquennat : suppression de l'ISF qui frappait les millionnaires (en euros) et quelques milliardaires mal conseillés dans leur stratégie d'optimisation ; et réforme des retraites qui décrète que le seuil de la richesse est à 10.000 euros brut mensuel, à partir duquel le cadre est censé cotiser à hauteur de 2,8 % « pour des prunes », enfin plutôt par solidarité pour les plus pauvres, ce qui n'est pas mauvais en soi mais renvoie à son employeur le financement d'une retraite surcomplémentaire, suscitant l'ire du Medef. Le patronat sait être pour la capitalisation sur le papier, mais est moins convaincu lorsqu'il faut mettre la main à la poche...

Remodeler son image

Si on interroge les Français, on est riche à partir de 5.000 euros de revenus par mois. Rappelons que, selon l'Insee, le revenu médian, qui divise la population en parts égales, était de 1.789 euros net mensuels en 2016, facile à retenir, c'est la date de la prise de la Bastille. On a même pu entendre en début d'année le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, inciter les entreprises privées à augmenter les salaires bas et moyens, ou, à défaut, à mieux distribuer par l'intéressement les fruits de la croissance, quand elle est là...

Emmanuel Macron, qui avait gagné la casquette de « président des riches » lui collant à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock, a tout fait depuis la crise des « gilets jaunes » pour inverser ce « sentiment » : il a lâché 17 milliards d'euros pour revaloriser les petites retraites, encourager le versement d'une prime par l'employeur et baisser les impôts sur les classes moyennes. Depuis la présentation du budget 2020 en septembre, Bercy a assuré le service après-vente du président en montrant avec force graphiques l'impact positif de ces mesures pour les ménages modestes. En comptant la baisse de l'impôt sur le revenu et celle de la taxe d'habitation supprimée pour 80 % des ménages, cela représente un gain de pouvoir d'achat global historique de 440 euros par ménage en 2020, selon la très keynésienne OFCE.

Stratégie assumée

Et patatras, en ce mercredi 5 février, voilà que la même OFCE précise sa pensée. Oui certes, la politique fiscale et sociale d'Emmanuel Macron redistribue, mais en fait ce sont surtout les plus « riches », en moyenne, qui vont en bénéficier. Entre 2018 et 2020, un quart des 17 milliards d'euros de gains cumulés de pouvoir d'achat sur ces trois ans va aux 5 % des ménages les plus aisés. À l'inverse de l'objectif affiché, selon l'OFCE, les 15 % les plus modestes verront leur niveau de vie amputé par les réformes de l'assurance-chômage et des aides au logement.

À vrai dire, il n'est pas besoin d'être économètre ou énarque pour comprendre que les baisses d'impôts profitent le plus à ceux qui en payent (et pour en payer en France, il faut être un « riche » au sens de François Hollande) ni que les économies réalisées sur le chômage ou le logement frappent plus durement les plus pauvres au sens réel. Évidemment, ces chiffres ne plaisent pas au gouvernement puisqu'ils remettent un euro dans le juke-box qui joue la musique du président des riches. Pour autant, et ce sera sans doute l'enjeu de la prochaine présidentielle, l'étude de l'OFCE prouve aussi, si on la lit entre les lignes, qu'il y a bien chez Emmanuel Macron une stratégie assumée, qui est de favoriser le pouvoir d'achat des actifs moyens et aisés qui sortent, en proportion, les plus gagnants de sa politique fiscale. Il peut donc espérer les voir voter de nouveau pour lui en 2022. CQFD...

Philippe Mabille

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 13
à écrit le 17/02/2020 à 8:31
Signaler
Tout est bon dans le cochon pour casser du Macron. C'est sûr qu'on serait tellement mieux avec Merluchon, président des pauvres.

à écrit le 10/02/2020 à 15:16
Signaler
Attention il ne faut plus dire ce terme non plus, nouvelle interdiction de la part de la Kommandantur, pour qu'ils envoient un prêcheur sur le plateau de 28 minutes afin de nous dire que non Emmanuel Macron n'est pas le président des riches (il faut ...

à écrit le 06/02/2020 à 14:36
Signaler
haha on croit rever, vous n'avez pas bien vu les impots qui tombent, et qui sont les victimes des reformes qui n'en sont pas bon, et pour memo, son papa spirituel, c'etait le president des ' sans dents' ( qui a joint le geste a la parole en creaant...

à écrit le 06/02/2020 à 13:00
Signaler
celui qui a favorisé les riches rendu les pauvres plus pauvre et en plus a éborgné et mutilé les manants à ses yeux.......il restera dans l'histoire C'EST LE LOUIS XVI des temps moderne

à écrit le 06/02/2020 à 12:02
Signaler
500 euros de moins cette année pour mon impôt sur le revenu. Et je suis avec ma femme des retraités à pension moyenne. Qui dit mieux? Arrêtez votre propagande sur le thème Macron président des riches. Et 1200 euros de taxe d'habitation en moins, c'e...

le 06/02/2020 à 14:48
Signaler
Bref,un retraité de droite qui vit avec le système antérieur des retraites simple et efficace donc ,mais qui souhaite quand même le démantèlement du système actuel mais pour les générations suivantes.

à écrit le 06/02/2020 à 11:59
Signaler
Macron ne changera JAMAIS ; la pauvreté se répand inexorablement en France du fait de la libre circulation des hommes et des capitaux -article 63 du TFUE- imposée par l'Union Européenne, plus de 300 00 salariés gagnent ainsi en France des salaires ...

le 06/02/2020 à 14:39
Signaler
euh, la france qui va au tas, c'est la faute a hollande, ses lois dailymotion, florange, ses obligations de demander aux syndicats pour toute action d'entreprise, ses lois eckert, sapin ( avec effet retroactif) il a mis le feu a la cuisine, quand il...

le 14/02/2020 à 21:44
Signaler
@churchill Macron continue dans la droite ligne de Sarkozy puis Hollande la politique de la feuille de route de Bruxelles ou GOPE "Les GOPE (Grandes Orientations de Politique Économique) ou la feuille de route économique de Matignon " qui ne...

à écrit le 06/02/2020 à 11:27
Signaler
Pour que l'avis sur macron change faudrait il encore qu'il change de point de vue ! Au su des dernières volontés du petit monsieur, rien de nouveau à l'horizon et toujours 75% des français qui ne le soutiennent pas, bref aux prochaines présidentiell...

à écrit le 06/02/2020 à 11:20
Signaler
comment voulez vous qu'un homme né dans une famille de nanti qui n'a pas connu la misère et a vecu dans l'opulance mettre les mains dans le camboui il connait pas,n'a pas d'enfant, n'a pas fait le service ,connu la guerre il a donc des cases qui man...

le 06/02/2020 à 13:07
Signaler
La colère est mauvaise conseillère. Que je sache, Marine n'a pas fait la guerre et est riche héritière. Mélenchon n'a pas fait la guerre non plus sauf à Macron. Il est riche en millions. Alors n'ont-ils pas des cases manquantes comme vos dites ?

à écrit le 06/02/2020 à 9:34
Signaler
CE qui est désastreux et qu'il ne pourra jamais rattraper c'est ce mépris, qui n'est qu'une ignorance de plus en fait, affiché, envers la notion de travail. D'avoir nié d'un geste la pénibilité du travail en imposant aux gens de travailler plus l...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.