Philippe Lazare, Président-directeur général d'Ingenico, était cette semaine l'invité de la Tribune des Décideurs. Sa société, spécialisée dans les solutions de paiement électronique dématérialisé pour les commerçants, pèse plus de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires, et emploie 4800 personnes.

Dorlotés en Chine

N°1 du secteur en France, Ingenico reste attachée à un marché qui représente 10% de son chiffre d'affaires, et choisit de jouer le jeu, malgré les charges souvent dénoncées par les chefs d'entreprises :

"Quelques soient les gouvernements successifs, Ingenico est un très bon citoyen. Notre centre de RD est basé dans la Drôme, et nous embauchons chaque année de manière significative."

Pour autant, la France ne souffre aucune comparaison avec les autres pays dans lesquels Ingenico  s'est déployée, et notamment la Chine :

"Nous avons en Chine une activité qui représente 10% du chiffre d'affaires du groupe, et 10% de la Recherche Développement. Au titre des opérations que nous effectuons là-bas, les aides du gouvernement chinois sont bien supérieures à ce que nous obtenons en France...."

La sécurité reste la règle n°1 sur le marché

La recherche-développement, tout comme les acquisitions, font partie de la stratégie d'Ingenico pour rester une grande entreprise internationale. Mais la concurrence se durcit, et les startups redoublent d'innovation pour tenter de révolutionner le paiement.  Philippe Lazare reste confiant :

"En dépit des nombreux nouveaux entrants, qui arrivent avec des idées fracassantes sur le paiement simplifié,  le métier reste dominé par des gens qui ont du savoir faire en matière de sécurité."

Car la sécurité, c'est surtout une question de moyens :

"Nous avons une dizaine de personnes, parmi les meilleurs en France qui développent  chaque année de nouveaux algorithmes de sécurité, et qui savent répondre aux normes des grands acteurs internationaux du paiement (type Mastercard ou Amex), et aux fabricants de terminaux."

Une référence pour les acteurs majeurs du paiement

Même la concurrence du portefeuille électronique de Google n'a aucune raison de leur faire peur:

"Jusqu'à présent, quand Google s'est interrogé sur comment émettre un moyen de paiement, ils sont venus nous voir."

Pas plus que les banques qui s'intéressent de près à ces technologies :

" L'essentiel des solutions techniques qui sont fournies aux banques qui s'intéressent aujourd'hui au paiement mobile - notamment la BNP -  sont évidemment des solutions d'Ingenico."

La révolution mobile

Pourtant, dans le paiement, une révolution est en marche. Philippe Lazare le sait, et a pris des risques :

"On a fait le pari que le paiement mobile a un sens, en transformant le mobile en terminal de paiement, comme nous l'avons fait pour les Apple Store, même si le retour sur investissement n'est pas immédiat."

Pour autant, ce n'est pas demain que les cartes disparaîtront selon lui...

"Une des caractéristiques de l'univers du paiement, c'est qu'aucun moyen de paiement n'a fait disparaître le précédent. Même s'il y'a un grand mouvement vers la virtualisation, le troc existe encore, les chèques aussi, et le cash demeure le moyen de paiement majoritaire dans le monde."

Alors le bitcoin, ce n'est pas pour tout de suite !

"Aucun de nos clients commerçants ou banques ne nous a demandé de développer des applicatifs permettant d'accepter le bitcoin comme moyen de paiement dématérialisé. "

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