Tout pour les entreprises, rien pour les ménages ?

Des cadeaux pour les entreprises, rien pour le pouvoir d'achat des familles. C'est la réaction, ce matin dans « la Tribune » de Martine Aubry au budget 2010 présenté hier par le gouvernement. Alors, l'Etat cajole les entreprises et laisse tomber les ménages...

Ah, fallacieuse distinction. Comme si les entreprises, ce n'était pas aussi les ménages qui y travaillent.

Alors, première réponse quand même, c'est vrai, en affichage, les entreprises vont bénéficier, l'an prochain de baisses d'impôts importantes, pas les ménages.

Pour les familles, il n'y a en effet pratiquement rien. Pas de cadeaux. Des hausses d'impôts et taxes, plutôt. Pour les entreprises, au contraire, c'est la fête. Il y a la suppression, partielle, de la taxe professionnelle, un gros cadeau. Ca, tout le monde la demandait, même les socialistes. Il y a la fin de l'impôt forfaitaire annuel, un impôt que payaient les petites entreprises. Il y a la reconduction des exonérations pour la première embauche dans les PME, d'autres mesures encore. Au total, les entreprises devraient bénéficier l'an prochain d'une baisse d'impôts de 11 milliards d'euros. Un peu moins sans doute. Il y aussi pour les entreprises des taxes nouvelles : la taxe carbone qui ne leur sera pas totalement remboursée, les taxes sur les réseaux, sur les antennes, sur les centraux téléphoniques, la cotisation AGS versées pour garantir les salaires des entreprises qui licencient, j'en passe et des meilleures...

Quand même, les entreprises ne vont pas se plaindre...

Privilégier, pour la sortie de crise, la compétitivité des entreprises, c'est effectivement le pari du gouvernement. L'idée, c'est d'alléger les charges qui pèsent sur elles pour qu'elles puissent traverser au mieux la tempête, pour qu'elles puissent surtout, une fois la tempête passée, retrouver un bon rythme de croisière.

Il faut aussi rappeler que depuis 2007, les ménages n'avaient pas été oubliés. Il y avait eu la loi TEPA de 2007, avec la suppression par exemple des droits de mutation. Il y avait eu la suspension pour cette année du dernier tiers de l'impôt sur le revenu. Il y a eu, depuis cet été, la création du RSA ; il y a eu d'autres aides encore. Au début de la crise, le gouvernement avait finalement soutenu la consommation. Ce soutien débouche maintenant sur une augmentation de l'épargne des ménages. D'où sa volonté de privilégier désormais l'investissement, l'entreprise donc.

L'entreprise, les ménages : une distinction fallacieuse, disiez-vous. Quand même, ce ne sont pas les mêmes poches ?

D'où vient le pouvoir d'achat des ménages ? Il ne vient pas, pour l'essentiel, d'hypothétiques baisses d'impôts. Il vient de leur travail, du travail qu'ils font en entreprise. S'il n'y a plus d'entreprise, si les entreprises sont affaiblies, il n'y a plus de travail, plus de pouvoir d'achat. Voilà pourquoi cette distinction est fallacieuse. Améliorer la compétitivité des entreprises, c'est à terme améliorer le pouvoir d'achat des ménages.

Alors, c'est vrai, les entreprises ne votent pas, les ménages si. Avant chaque élection, les gouvernements sont tentés de privilégier les ménages, aux dépens des entreprises. Cette fois-ci, c'est le contraire. C'est en réalité un rééquilibrage bienvenu. Sans doute temporaire. Sûr que d'ici mars, d'ici les prochaines élections, les régionales, les ménages auront leur lot de cadeaux !

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