2045 : La population mondiale dépasse les 9 milliards d’habitants

#30ansLaTribune - La Tribune fête ses 30 ans. A cette occasion, sa rédaction imagine les 30 événements qui feront l'actualité jusqu'en 2045. Le 22 avril 2045 : Depuis 30 ans, la population de l’Afrique affiche une augmentation sans précèdent, au point que le Nigeria figure parmi les pays les plus peuples du monde et parvienne d’ici 2050 au 3e rang mondial, devant les États-Unis.
"Le Nigéria figure déjà parmi les dix pays les plus peuplés du monde et devrait se classer au troisième rang en 2050."

Une - Afrique, surpopulation

Le dernier rapport de l'ONU sur la population mondiale, publié cette semaine, confirme les projections de l'organisation internationale : cette année, la population du globe atteint 9,2 milliards d'habitants contre 8,5 milliards en 2030 et 7,4 milliards en 2015. L'ONU confirme par ailleurs sa projection à 9,7 milliards d'habitants en 2050 et 11,2 milliards en 2100. Ces chiffres montrent cependant une baisse du rythme de croissance qui est passé de 1,24 % par an dans la période 2000-2015, à 1,18 % au cours des décennies suivantes. Mais cette appréciation globale masque des disparités régionales très importantes. Depuis 2015, c'est l'Afrique qui affiche l'augmentation la plus importante. Sa population a doublé en trente ans, passant de 1,1 milliard à plus de 2 milliards en 2045. Si les projections de l'ONU se confirment, elle devrait encore doubler d'ici 2100, passant à cette échéance à près de 4,4 milliards d'habitants. A peu près à égalité avec l'ensemble de la zone Asie, dont la population, après un pic à 5,2 milliards en 2050 devrait redescendre à 4,8 milliards en 2100.

Quant à l'Europe, elle affiche en 2045 une population de 720 millions d'habitants, et s'inscrit dans une tendance baissière depuis 2015 (738 millions d'habitants). En 2050, l'Europe comptera moins de 650 millions d'habitants. La population continue d'augmenter sur le continent américain (760 millions d'habitants en Amérique latine, 410 millions en Amérique du Nord, contre respectivement 634 millions et 358 millions en 2015). Il est à noter que les plus de 60 ans représentent aujourd'hui un groupe de 1,8 milliard d'habitants, 2,1 milliards en 2050 et 3,2 milliards en 2100, dont 948 millions auront plus de 80 ans.

L'Afrique a le rythme de croissance le plus élevé

Ainsi, en quarante ans, plus de la moitié de l'augmentation de la population mondiale a été due à l'Afrique, malgré une légère réduction du taux de fertilité (4,7 enfants par femme au cours de la période 2010-2015, 3,1 aujourd'hui). Le rythme de croissance le plus élevé se situe dans vingt-sept pays africains parmi les moins développés comme le Burundi, l'Ouganda, la Somalie, la République démocratique du Congo, l'Angola, la Tanzanie et la Zambie dont la population, compte tenu des chiffres actuels, devrait être multipliée par cinq d'ici 2100.

Parmi les neuf pays dont la population a augmenté le plus sur la période 2015-2050, cinq sont en Afrique (le Nigéria, la Tanzanie, la République démocratique du Congo, l'Ethiopie, l'Ouganda). Le Nigéria figure déjà parmi les dix pays les plus peuplés du monde et devrait se classer au troisième rang en 2050, devant les Etats-Unis.

Au rythme de la croissance économique

Cette augmentation de la population en Afrique place le continent sous la contrainte d'une croissance économique forte. Au cours des quinze dernières années, elle a affiché un rythme annuel supérieur à 5 %, ce qui n'a toutefois pas suffi à absorber l'afflux des nouvelles populations actives (24,6 millions de nouveaux entrants chaque année sur le marché du travail en Afrique sub-saharienne et 4,3 millions en Afrique du Nord). Sur la période 2010-2050, il aurait fallu créer plus de 900 millions d'emplois pour faire face à l'augmentation de la population active. Nous n'en sommes aujourd'hui qu'à un peu plus de 500 millions. Au cours de la dernière décennie, les disparités se sont accrues entre les pays les plus riches, dotés d'abondantes ressources naturelles (le Nigéria, l'Afrique du Sud, le Mozambique, la République démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire) et ceux qui ont subi de plein fouet les effets du réchauffement climatique comme le Mali, le Niger, le Soudan, l'Ethiopie, le Sénégal. Cela explique l'augmentation de l'émigration, estimée aujourd'hui à plus de 1 million d'individus chaque année, à destination des pays voisins les plus riches, des Etats-Unis et de l'Europe.

Pour autant, il ne faut pas négliger les progrès économiques réalisés par l'Afrique depuis le début des années 30. Une nouvelle génération de dirigeants a profondément amélioré la gouvernance dans la plupart des pays. Les investissements déclenchés par le Fonds pour le Climat des Nations-Unis, alimenté à hauteur de 100 milliards de dollars par an depuis 2030 par les pays développés, a permis de rattraper une partie du retard en matière d'infrastructures énergétiques. Le nombre d'Africains privés d'électricité est resté stable depuis dix ans (environ 600 millions de personnes), en dépit de l'augmentation de la population, mais se concentre dans la zone sahélienne.

La Chine a par ailleurs accru ses investissements dans le transport routier, ferroviaire et maritime, reprenant notamment en gestion le port de Lagos. Mais les investissements chinois ont également accompagné l'urbanisation galopante du nouveau continent, en créant de véritables villes nouvelles, aux portes des anciennes capitales.

Lagos, première métropole mondiale

Le point critique de l'Afrique reste en effet celui des grandes métropoles, qui connaissent un développement aussi spectaculaire qu'anarchique, malgré les efforts des gouvernements pour anticiper les besoins des habitants en matière d'alimentation en eau potable et en capacités de traitement des eaux usées et des déchets. Lagos est devenue la première métropole mondiale, devant Mumbai et New Delhi, avec 35 millions d'habitants, gagnant ainsi sept places en vingt ans. La population y avait déjà doublé entre 2015 et 2030, passant de 12 à 24 millions d'habitants. Désormais, une dizaine de villes africaines dépassent les 10 millions d'habitants dont Addis-Abeba, Ouagadougou, Dakar, Nairobi, Abidjan, Khartoum, Luanda, Dar Es Salaam, et naturellement les trois grandes capitales africaines, Johannesburg (15 millions d'habitants), Kinshasa (25 millions) et Lagos.

Cette migration urbaine, à l'image de celle qui s'est opérée en Chine, s'explique en partie par la transformation du modèle agricole africain. L'agriculture individuelle est en voie de disparition au profit de grandes exploitations de plusieurs milliers d'hectares dans certains cas, sur des terres louées ou vendues à des fonds d'investissements et entreprises chinoises, européennes et originaires du golfe Persique, un mouvement né dans les années 2000 et qui n'a fait que s'accentuer. Cette agriculture a provoqué un exode rural massif, et accéléré encore le processus d'urbanisation, même si cette révolution touche naturellement surtout les pays situés dans les zones équatoriales, les moins touchées par le réchauffement climatique et la raréfaction des ressources en eau.

L'Afrique est donc engagée dans une vaste mutation, basée sur les matières premières, l'agriculture, la production d'énergie, les services et les infrastructures ferroviaires et portuaires qui en ont fait en une quinzaine d'années l'une des plates-formes les plus actives du commerce mondial. Mais le défi auquel elle est confrontée est unique dans le monde d'aujourd'hui : se préparer à un doublement de sa population dans les quinze ans qui viennent... Une expérience unique dans l'histoire de l'humanité.

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