En économie, la richesse d'un pays est mesurée par le produit intérieur brut (PIB), un agrégat qui évalue et standardise la production économique réalisée à l'intérieur d'un pays durant un an. Cela permet de savoir si l'économie est en croissance ou pas d'une année à l'autre, et par ailleurs d'établir le pouvoir d'achat moyen des habitants d'un pays en divisant le PIB par le nombre d'habitants. Ainsi même si le PIB de la Chine est supérieur à celui du Luxembourg, le Luxembourgeois moyen est bien plus riche que le Chinois moyen.
Depuis la crise financière de 2008, cet indicateur est critiqué pour son réductionnisme. L'objection classique - elle était déjà énoncée par les concepteurs de cet agrégat - est d'exclure toutes les activités non marchandes, par exemple, le temps et l'activité fournis à titre bénévole dans une association ou les travaux domestiques réalisés dans les familles, majoritairement par les femmes.
Une autre critique pointe le fait que la croissance matérielle de l'économie d'un pays ne se traduit pas nécessairement par une augmentation du bien-être. Ainsi, le président Nicolas Sarkozy avait-il lancé en grande pompe en 2008 une commission qui, sous la houlette de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie, avait pour objectif de suggérer des solutions pour rendre cet indicateur moins quantitatif et plus qualitatif, sans grand résultat pour le moment. Cette démarche visait à montrer que certains pays, par exemple la France, pouvaient avoir une croissance moyenne alors qu'ils offraient une qualité de vie supérieure à celle d'autres pays économiquement plus dynamiques. Mais le bien être est une notion extrêmement subjective, même si on peut supposer qu'un minimum de conditions matérielles soit requis pour l'obtenir.
La piste d'un PIB vert
La lutte contre le réchauffement climatique, elle, pose la question de la remise en cause radicale du modèle économique actuel, fondé en large part sur l'utilisation de l'énergie à l'échelle mondiale, fournie à 85% par des énergies fossiles dont la combustion est une des principales causes du réchauffement climatique. L'ONU a d'ailleurs planché sur un PIB vert qui intègre le coût des effets de notre activité sur notre environnement - l'amortissement du « capital naturel » -, mais son utilisation reste pour le moment marginale. Et puis tout le monde est-il prêt à renoncer au progrès matériel ?
Certains le croient, qui prônent la « décroissance ». Dans un essai instructif (La Décroissance, éd. PUF, coll. QSJ), l'économiste Serge Latouche, l'un de ses promoteurs, explique qu'il ne s'agit pas de prôner une récession. Selon lui, le PIB est un « indice statistique fétiche », fondé sur l'idéologie du productivisme nourrie par la « croyance dans le progrès infini et dans l'évidence que l'accumulation sans limites est possible et souhaitable ». Contre cette attitude, l'auteur défend une « société d'abondance frugale ».
Cette critique n'est pas nouvelle, elle a été largement menée dans les années 1970 par un auteur comme Ivan Illich, qui pointait l'absurdité d'une société de consommation et de gaspillage. Mais le PIB est-il coupable ? Sûrement pas, loin d'être un idéal, et encore moins un fétiche, il est simplement un indicateur relativement neutre d'une façon de mesurer la création de richesses et son évolution. Il ne nous dit pas ce que nous devons faire mais ce que nous pouvons faire, sans nous dire comment le faire, c'est sans doute pour cette raison qu'il reste la référence internationale la plus commode.
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