Quand la Chine tousse, le monde s’enrhume

VU DE CHINE. Les conséquences économiques du coronavirus n'ont pas tardé à apparaître. La vitesse à laquelle l'épidémie pourra être vaincue sera la clé pour évaluer son impact économique. Ce qui est certain, c'est que 2020 sera une année de survie et de remaniement pour les entreprises présentes sur le marché chinois. Par Chunylan Li, auteure du livre "Réussir sur le marché chinois" (*).
Dans l'Empire du Milieu, l'esprit de solidarité reste très fort pour lutter contre l'épidémie.
Dans l'Empire du Milieu, l'esprit de solidarité reste très fort pour lutter contre l'épidémie. (Crédits : Reuters)

Le 10 février, des millions de Chinois sont retournés au travail, après que les vacances du Nouvel An chinois ont été prolongées à cause du coronavirus. Toutefois, un grand nombre d'individus ou d'usines suspendent encore leurs activités, jusqu'au 16 février ou même plus tard. Le gouvernement chinois se trouve face à un sérieux dilemme, entre la bataille contre l'épidémie et le rétablissement de l'activité économique. À ce jour, le nombre de morts causés par le coronavirus a déjà dépassé celui du SRAS en 2003. En plus de la quarantaine de villes sélectionnées, beaucoup d'autoroutes ont été fermées et des bus longue distance suspendus. Les citadins et villageois ont été encouragés à rester chez eux et minimiser leurs sorties.

De nombreux secteurs touchés

Les conséquences économiques du coronavirus n'ont pas tardé à apparaître. Les plus touchés sont les secteurs de services qui représentaient déjà 52,2% du PIB chinois en 2018, notamment : transports, services aériens, tourisme, hôtellerie, restauration, divertissements et loisirs, commerce en gros et de détail... Dans le secteur de la restauration, par exemple, 15,5% du chiffre d'affaires annuel a été généré pendant la Fête du Printemps en 2019.

Les plus fragiles restent les PME ou les petits commerçants : en cas de suspension d'activités, leur flux de trésorerie ne pourra normalement les soutenir que pendant deux à trois mois.

La chaîne d'approvisionnement et de production est également impactée dans de nombreux secteurs industriels, comme les télécommunications ou l'automobile. Un exemple : Foxconn, comme quelques autres fournisseurs d'Apple en Chine, a dû repousser l'ouverture, initialement prévue pour le 10 février, de ses usines chinoises. Cela risquerait de retarder la livraison des produits d'Apple dans le monde, notamment les nouveautés du printemps. Les entreprises comme PSA, VW, BMW, Nissan, Toyota, Honda, Valeo... envisagent la même contrainte.

Lire aussi : Industrie, électronique, tourisme... L'épidémie du coronavirus affecte déjà les multinationales du monde entier

Le coronavirus pourra également affecter les exportations des produits chinois, la vente de produits de luxe, le prix du pétrole, le tourisme mondial, la confiance des investisseurs ou sur les marchés financiers.

Course contre la montre

Néanmoins, certains secteurs ont pu « bénéficier » de l'épidémie en Chine, comme le e-commerce, les jeux en ligne, les logiciels pour le télétravail, l'industrie pharmaceutique et la santé, les robots intelligents... Ce qui est certain, c'est que 2020 sera une année de survie et de remaniement pour les entreprises présentes sur le marché chinois.

Dans l'Empire du Milieu, l'esprit de solidarité reste très fort pour lutter contre l'épidémie ; des autorités locales et des banques ont aussi décidé d'aider les PME. En 2003, le SRAS a eu le plus de conséquences sur l'économie chinoise au 2ème semestre, mais le pays a pu rebondir assez vite après. Cette année-là, le PIB chinois a affiché une croissance annuelle de 10%.

Même si la conjoncture économique actuelle de la Chine est différente de ce qu'elle était à l'époque, la vitesse à laquelle l'épidémie pourra être vaincue sera la clé pour évaluer l'impact économique du coronavirus.

Lire aussi : Coronavirus: l'épidémie en Chine devrait se terminer en avril, selon l'expert du gouvernement chinois

« La Chine tousse, le monde s'enrhume » : nous avons donc tout intérêt à nous soutenir, quelle que soit notre nationalité, pour gagner ensemble cette bataille. Sans oublier d'en tirer des leçons pour éviter ce genre d'incidents à l'avenir.

Lire aussi : Coronavirus : l'économie chinoise asphyxiée, l'activité mondiale menacée

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(*) Fondatrice de la société de conseil FEIDA Consulting, et auteur de l'ouvrage "Réussir sur le marché chinois", coll. "Efficacité du manager", Ed° Eyrolles (2014), 248 pp.

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Commentaires 2
à écrit le 13/02/2020 à 9:25
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Pour comprendre comment cette situation a pu se produire, il faut lire "Mémoires chinoises" de Jean Tuan, chez C.L.C. Editions. L'auteur évoque l’évolution à marche forcée de la Chine dont il a été témoin depuis 1980. Marie Holzman, sinologue de reno...

à écrit le 12/02/2020 à 8:55
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C'est le moment comme vous dites de réorienter la stratégie économique de ce pays dont ce virus met le fléau dramatique de la pollution sous le nez de ses habitants et de ses dirigeants. Prendre donc de l'avance sur les autres à savoir construire...

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