"Encourageons les jeunes à entreprendre"

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Pour lutter contre le chômage des jeunes, les candidats à l'élection présidentielle préconisent de subventionner leur recrutement dans les entreprises par de l'argent public. Quel piètre encouragement... Les nouvelles générations manqueraient-elles à ce point d'atouts que l'Etat doive financer leur entrée dans la vie active ?

Pourquoi ne pas les inciter plutôt à entreprendre ? Cette démarche amorcerait une réponse à de nombreux maux : la panne de croissance, le chômage, la dette et les déficits publics, le financement des retraites, la violence dans les « quartiers difficiles »... Ce serait surtout une belle façon de parler de l'avenir. Alors imaginons un programme de campagne qui ferait de l'entrepreneuriat chez les jeunes une Cause Nationale :

Une première mesure consisterait à ouvrir les salles de classe aux entrepreneurs. Par la force de l'exemple, car la joie d'entreprendre est contagieuse, ils montreraient aux collégiens et aux lycéens comment la vie professionnelle devient une source d'épanouissement à partir du moment où elle est choisie.

Dans les filières générales, ils diraient qu'il n'est jamais trop tôt pour réfléchir à son projet de vie, et qu'introduire quelques notions de « vie active » dans le programme n'est pas forcément synonyme d'échec scolaire. Aux élèves destinés aux filières techniques et professionnelles, ils feraient connaître des métiers et des secteurs d'activité pour leur permettre de s'orienter par goût et non par défaut. Dans les quartiers difficiles, ils prouveraient, aux garçons comme aux filles, que le fait de construire son projet constitue un gage d'intégration et d'émancipation.

Il faudrait ensuite généraliser les filières « Entrepreneuriat » dans l'enseignement supérieur. Elles motiveraient les étudiants, naturellement portés à maximiser la valeur marchande de leur diplôme dans des parcours balisés, à oser les chemins de traverse. Connectées aux centres de recherche et aux laboratoires, elles fourniraient le dynamisme et le talent pour déceler les pépites technologiques commercialisables et les convertir en succès industriels.

Il faudrait enfin favoriser l'accompagnement des jeunes créateurs par des entrepreneurs confirmés. Tant par leurs investissements que par leurs contacts et leur mentorat, ils accélèrent et pérennisent les initiatives. Dix fois moins nombreux en France qu'en Angleterre et cent fois moins qu'aux Etats-Unis, ce sont pourtant eux, et non les banques, qui financent le démarrage des entreprises. Plus que jamais, cette prise de risque doit être fiscalement avantagée.

Tous les jeunes ne créeront pas leur entreprise, mais il faut encourager résolument ceux qui désirent se mettre à leur compte et qui ont les qualités personnelles pour réussir. Pour leur génération, l'évolution des modes de communication, l'allongement de la durée de vie, les nouvelles contraintes environnementales ou la multiplication des services à domicile constituent un vivier considérable d'opportunités. Des centaines de milliers d'entreprises, créées par les enfants du « baby boom », sont à reprendre et à enrichir par le développement des nouvelles technologies. En ces temps de crise, les occasions d'entreprendre n'ont jamais été aussi nombreuses.

Alors rêvons d'un Homme d'Etat qui populariserait les créateurs et donnerait aux jeunes des envies de conquête. Il leur dirait : vous vivez dans un pays magnifique, qui permet de s'instruire jusqu'à l'excellence, de se soigner, d'élever une famille en liberté. Vous y grandirez autant que vous le ferez grandir, tant que vous n'oubliez pas que rien n'est dû. Vous qui êtes riches de votre jeunesse, malgré les temps difficiles, surtout en ces temps difficiles, projetez sur l'avenir ce désir d'épanouissement qui naîtra de votre combativité. C'est à vous, écrivait Aragon, que « la jeunesse chante le Printemps », alors profitez-en. A votre âge, disait le poète, « il fait beau à n'y pas croire, il fait beau comme jamais ».

Philippe Hayat, entrepreneur, auteur du livre « Entreprenez ! » aux éditions de l'Archipel (mars 2012). Fondateur de l'association 100 000 entrepreneurs (www.100000entrepreneurs.com).
 

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Commentaires 4
à écrit le 07/04/2012 à 16:25
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Pour y arriver, il faudrait également revoir la vision de l'entreprise par l'éducation nationale: http://www.astuces-entrepreneurs.fr/lentrepreneuriat-vu-par-leducation-nationale/ Apprendre également aux gens que faire un CAP, un BEP, pour devenir a...

à écrit le 05/04/2012 à 16:04
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Bravo pour cet article ! Je suis tout à fait d'accord avec vous, et j'aimerais bien aussi qu'on encourage plus les gens à entreprendre, au lieu d'essayer de les intégrer de force dans la fonction publique. (:

à écrit le 05/04/2012 à 8:28
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Il faut être fou pour entreprendre en France et les jeunes ont tout intérêt à aller entreprendre ailleurs. Nos élus qui votent les taxes (sauf pour eux-mêmes puisque qu'ils bénéficient d'indemnités non-imposables) ont tout prévu même l'ISF pour ceux ...

le 05/04/2012 à 16:06
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Les entrepreneurs ne pensent, heureusement, pas qu'en terme de taxes, et d'impôts. Aucun impôt au monde ne me fera quitter la France. Si j'ai envie de faire fructifier mon entreprise, c'est pour moi, mais aussi pour mon pays et ses habitants. C'est u...

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