Economie russe : le revers de la médaille

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le revers de la médaille de l'économie russe.
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi/ DR

Entre 2007, année où Sotchi a été choisie pour accueillir les 22ème Jeux Olympiques d'hiver et aujourd'hui, le taux de croissance de la Russie est tombé de 8,5% à moins de 1,5%. Il y a bien entendu dans cette chute l'impact de la conjoncture européenne.

Premier partenaire commercial de la Russie, l'Union européenne absorbe, 43% des produits russes et la zone euro, à elle seule, 28%. De ce point de vue, une partie des déconvenues actuelles ont été « importées » du continent européen.

Mais plus profondément, ce coup de frein de la croissance renvoie aux déséquilibres de la structure productive du pays, à son hyper-concentration sur quelques ressources rares, notamment le pétrole.

Comme le montrent les évolutions annuelles du PIB et du cours du Brent, le lien est très fort entre la croissance du pays et le prix du brut. Or son cours donne des signes de faiblesse. Une donnée fondamentale pour un pays rentier qui mise sur ses ressources naturelles. Les chiffres du commerce extérieur sont d'ailleurs édifiants : le pétrole brut (30%), le gaz naturel (17%), les produits du raffinage (14%) forment à eux trois 61% des exportations russes.

Et l'exploitation de ses ressources naturelles se fait au détriment de l'industrie manufacturière. Déclassée, l'industrie russe occupe aujourd'hui une position marginale dans l'économie mondiale, exceptée l'industrie de défense. Pour le reste, un rapide comparatif entre l'évolution de la production manufacturière chinoise et russe depuis 1992 parle de lui-même : pour la Chine, la production a crû de 13,9% en moyenne par an.

Pour la Russie le compteur est bloqué à 0,3% seulement. Alors bien-sûr, la rente énergétique a facilité jusqu'ici l'équilibre des comptes publics : plus de la moitié des revenus de l'Etat est issue des recettes de la production de pétrole et de gaz.

Une manne dont bénéficient les employés de l'Etat (30% de la population active) sous forme d'augmentation salariale mais également l'ensemble de la population. De quoi donner une formidable impulsion à la consommation des ménages, véritable moteur de la croissance russe.

Mais le modèle touche ses limites et l'arrêt de la flambée des prix des hydrocarbures a mis l'économie au point mort. Et fait aggravant, la rente, au lieu d'être réinvestie en interne pour moderniser le pays, est rentabilisée en dehors du territoire via les compagnies off-shore. Et les capitaux étrangers ne viennent pas d'avantage en renfort, à défaut d'un environnement des affaires favorable. A cela s'ajoute un ingrédient supplémentaire une main d'oeuvre qui se raréfie.

En écho à ces faiblesses de fond, la prévision officielle de croissance sur les 30 prochaines années est passée de 4,3% par an à 2,5% entre le début et la fin 2013. De nouvelles prévisions qui s'accordent au potentiel de croissance estimé par le FMI (2%) et proches de notre prévision pour cette année fixée à 2,2%.

Mais attention, il est rare qu'une décélération de ce type se produise sans à-coups.

 

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Commentaires 2
à écrit le 03/03/2014 à 23:05
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Période où il est bon de voir qu'il faut consolider l'Europe et non la démanteler comme les amis de Poutine en France le veulent (exemple Le Pen et FN avec leurs conseillers pro-Poutine = même pensée sur les choix de ce dernier sur la Syrie, la Lybie...

à écrit le 03/03/2014 à 12:21
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Hmmm… L’analyse n’est injuste, mais il y a deux points qui gâchent sa qualité et parlent pas bien des compétences des analystes. 1. « Une manne dont bénéficient les employés de l'Etat (30% de la population active) sous forme d'augmentation salariale ...

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