Les vrais enjeux des élections européennes

Le désamour des citoyens pour l'Europe se traduit par un désintérêt des élections européennes. Pourtant, cet exercice démocratique délaissé est loin d'être sans enjeux... Par Jean-Dominique GIULIANI, président de la Fondation Robert Schuman, dans le cadre d'un partenariat Euralia-Fondation Robert Schuman
Jean-Dominique GIULIANI, Président de la Fondation Robert Schuman, rappelle pourquoi les citoyens européens devraient se mobiliser le 25 mai prochain.

Il est politiquement correct d'accabler l'Union européenne de tous nos maux. A l'évidence les Européens traversent une crise morale, identitaire, politique, à la mesure de leurs difficultés économiques que causent les transformations du monde. Car ce sont bien elles qui bousculent nos propres institutions, d'abord nationales, mais aussi européennes.

Au point même qu'un « discours anti-mondialisation » peut être tenu sans crainte du ridicule par des responsables politiques dépassés par les évènements. Bientôt nous verrons d'éminents hommes politiques créer un mouvement contre le mauvais temps, quelque chose d'inévitable mais qu'on peut aménager ! C'est d'ailleurs un scandale que la Commission européenne n'ait pas trouvé le moyen de nous garantir un droit légitime au soleil tous les jours !

 

L'Europe fait encore rêver 

Le devoir des responsables publics est d'expliquer les bouleversements entrainés par un mouvement de mondialisation sans précédent et de les infléchir concrètement, avec le soutien des citoyens, pour promouvoir le modèle européen qui est, dans le monde, le plus solidaire, le moins inégalitaire et le plus protecteur de la personne. L'Europe fait rêver partout à l'extérieur. Il n'y a pas de raison qu'elle désespère à l'intérieur ! Elle est un choix démocratique, ratifié par plus de 50 référendums et plus d'une centaine de votes parlementaires, qui protège et constitue l'un des choix les plus intelligents faits par les Européens. Même dans les difficultés, l'union fait la force !

Le principal enjeu du scrutin européen du 25 mai réside là. Allons-nous laisser s'insinuer une désespérance, qui se traduira par une abstention encore croissante et le succès des eurosceptiques et des extrémistes ?

 

Un législateur de plein exercice 

Depuis 1979, la participation aux élections européennes n'a pas cessé de décroître, passant de 63% à 43% en 2009. Ces élections sont considérées dans les Etats membres comme de second rang ; elles s'inscrivent toujours dans des moments politiques nationaux particuliers ; elles sont une occasion rêvée pour sanctionner les gouvernements en place. C'est un grand tort car le Parlement européen, seule institution européenne élue au suffrage universel direct, travaille désormais comme un législateur de plein exercice. Choisir ses députés européens, c'est donc voter pour ceux qui sauront être des législateurs avisés pour les grandes questions où les lois doivent être européennes et savoir faire la part des choses pour le reste qui peut être renvoyé aux Etats.

L'euroscepticisme et les extrémismes, qui vont souvent ensemble, surfent sur les difficultés des citoyens. Ces derniers reprochent à leurs gouvernants et aux institutions européennes de n'avoir pas « su leur éviter la crise ». Et les extrêmes, de tous bords, ne cessent de progresser, de même que les populistes « veulent tout changer ».

 

La montée des populismes 

La gouvernance de l'Union est loin d'être parfaite, comme celle de nos Etats. Dans la crise elle a fait beaucoup de progrès. L'Europe a été solidaire de ses Etats membres en difficulté. Elle y a consacré des moyens considérables qui s'additionnent aux mesures nationales et à de nouvelles procédures communes. Il y a encore beaucoup à faire. Cela exige un travail de longue haleine, vraisemblablement progressif, probablement emmené par un groupe d'Etats qui montrent l'exemple et lancent une convergence fiscale et sociale progressive. Cela ne peut être fait par des extrémistes prêts à revenir sur tout ce qui a été accompli.

Les populistes, qui sont déjà près d'une centaine au sein du Parlement sortant, seront peut-être 200 sur 751 dans le prochain. C'est un message politique qui traduit un trouble réel, une protestation, mais qui n'empêchera pas le Parlement de travailler. L'extrême-droite peut être en mesure d'y constituer un groupe et l'extrême-gauche de renforcer le sien.

 S'adresser aux citoyens 

Il y a tout lieu de penser que les Etats membres et les parlementaires européens, dont c'est la responsabilité, en tireront les conséquences pour obliger à des réformes. Celles-ci d'ailleurs, concernent davantage, au moins dans l'immédiat, la pratique institutionnelle européenne, c'est-à-dire la mise en œuvre de politiques dynamiques plutôt des modifications de traité. Les institutions doivent aussi d'abord s'adresser aux citoyens avant de fonctionner sur le mode diplomatique, c'est-à-dire de se parler entre elles. C'est cela qui s'exprime derrière la revendication démocratique.                                                                                              

Ces élections traduisent ainsi une nouvelle page de l'histoire européenne. Plus d'efficacité, plus de démocratie, une seule priorité : assurer le redressement des économies européenne et française, qui en ont les moyens et qui garantiront la solidarité auxquelles les Européens sont attachés, voilà les vrais enjeux. C'est une raison essentielle de voter le 25 mai prochain.

 

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Commentaires 7
à écrit le 07/05/2014 à 12:03
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Propagande europeiste,plus une vois pour l'UMPSCENTRE et leur monnaie d'escroc

à écrit le 07/05/2014 à 8:24
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Les vrais enjeux......POUR QUI ?????? pour nous? la bonne blague !!

à écrit le 05/05/2014 à 21:23
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Oui il faut voter et pour qu'on ne continue pas à nous prendre pour des pigeons ou des c....on votera pour tout ce qui s'oppose aux technocrates et dirigeants politiques européens, on votera pour les partis nationalistes, indépendantistes....même si ...

à écrit le 05/05/2014 à 19:59
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A BAS CETTE EUROPE, EN L'ETAT !!!!! on ne veut de cette europe qui nous fait crever, ne nous apporte que du malheur et de la désespérence!NON! NON! et NOOONNNNN !!!

à écrit le 05/05/2014 à 16:16
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Commencer par la fin...: une monnaie "unique" et une division par l'intégration d’États, donne les pleins pouvoirs à une politique dogmatique.

à écrit le 05/05/2014 à 16:10
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L’extrémisme de l'Union Européenne est d'avoir commencer sa construction par la fin pour qu'il n'y ai pas d'autre alternative.

à écrit le 05/05/2014 à 13:29
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"Pourtant, cet exercice démocratique délaissé" : la dictature, c'est ferme ta gueule et la démocratie (comme l'attendent ces pseudos élites) c'est cause toujours ! (cf. le vote sur la constitution Européenne)

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