Chine : une décélération confirmée

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la décélération confirmée de la Chine.
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Le chiffre de croissance du 1er trimestre est tombé pour la Chine. A 7,4%, il s'agit d'un résultat très médiocre, le plus mauvais depuis 18 mois, un niveau comparable à ceux de 2009 quand la Chine subissait le contrecoup de la pire récession internationale depuis la seconde guerre mondiale.

Et pourtant ce chiffre a été accueilli par un grand « ouf » de soulagement, tant les craintes d'un atterrissage plus brutal encore étaient importantes.

Des craintes alimentées d'abord par l'orientation de la production manufacturière : en hausse de 8% en rythme annualisé, le bilan du 1er trimestre n'est pas à la hauteur des performances passées, généralement supérieures à 10%. Une déception, certes, mais prévisible compte tenu de la trajectoire des PMI.

Des PMI qui flirtent avec les 50, valeur qui marque la frontière entre expansion et contraction. Des PMI qui indiquent bien que l'industrie chinoise est à la recherche d'un second souffle, notamment à l'extérieur. Car cela fait plusieurs mois maintenant que les exportations sont sur une pente déclinante.

Pour la première fois depuis 2009, leur variation est négative (-3,4% entre janvier et mars dernier par rapport à la même période de 2013). Une chute qui entraîne une réduction des excédents commerciaux. Une réduction amortie néanmoins par le reflux concomitant des importations, le contenu en importations des exportations chinoises étant particulièrement élevé.

Le principal moteur de la croissance tourne ainsi à faible régime et doit relever plus que jamais le défi de la montée en gamme et de la productivité. Une nécessité pressante compte tenu de l'appréciation continue du yuan et de l'augmentation des coûts de production liée au renchérissement de la main-d'œuvre.

C'est aussi un passage obligé dans l'optique d'une plus forte autonomie et d'un rééquilibrage du modèle de croissance vers plus de consommation. Une évolution voulue par le plan quinquennal 2011-2015, lequel prévoit des revalorisations du salaire minimum de 13% en moyenne par an. Les hausses de salaires enregistrées depuis le début de l'année dans les grandes métropoles en portent déjà la trace.

Mais les résultats restent mitigés comme le montre l'évolution des ventes de détail dont le rythme de progression reste décevant, bloqué autour de 10% en volume sur les 3 premiers mois de l'année rapportés à la même période de 2013, soit deux points de moins que début 2012.

Un manque d'élan qui se perçoit également à travers la confiance des ménages, supérieure d'à peine 3 points à son niveau jugé normal. A court terme, les hausses de salaires ne sont donc pas sans risques, d'autant qu'elles ne s'accompagnent pas d'amélioration équivalente de la productivité, ce qui pèse in fine sur les profits des entreprises, altère leur capacité à investir et à honorer leurs engagements financiers.

A ce risque s'ajoutent ceux de l'immobilier et de la construction plutôt mal en point et qui représentent de 10% à 15% du PIB. Le changement de doctrine de Pékin soulève un vrai problème de transition d'un modèle à un autre. Et le pari n'est pas encore gagné. Maintenir le 7,4% de croissance du 1er trimestre tout au long de l'année sera donc déjà un exploit.

 

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