2021 sera-t-elle l’année de la médecine préventive  ?

OPINION. Dans le domaine de la santé aussi, passer de la transformation subie à la transformation choisie est l'un des enjeux pour 2021. Par Yves Morvan, Service Line leader, Healthcare France, Ipsos.
(Crédits : iStock)

La COVID-19 a accéléré l'implémentation des technologies sans contact sous la contrainte, comme les téléconsultations qui ont connu une progression fulgurante. Maintenant, elles composent le nouveau visage de la santé et relèvent de vrais choix.

Des emplois pour accompagner patients... et médecins !

L'essor du digital dans le secteur de la santé ne va pas s'accompagner de suppressions de postes, il va au contraire créer des milliers d'emplois. En effet le passage à la digitalisation implique de développer des équipements et des applications, de former et d'accompagner aussi bien les patients que les médecins. Le développement du numérique nécessite des ressources humaines ; concepteurs de solutions digitales, ergothérapeutes, psychologues pour accompagner les patients, personnels pour installer les équipements et assurer la maintenance à domicile, data scientists, modérateurs de données de santé, télé-chirurgien...

La liste des métiers en lien avec le développement du numérique est longue. Le secteur de la santé profitera aussi de la 5G pour créer des emplois. D'après les chiffres de croissance fournis par Syntec Numériques, le marché de l'emploi devrait connaître une croissance annuelle de 13 à 28% dans son secteur. Ces emplois, non-délocalisables, devraient aussi être renforcés ou créés dans un contexte où l'action sociale et le vieillissement de la population constitueront d'autres locomotives.

Le plan Ma Santé 2022 a annoncé la création de 4.000 postes d'assistants médicaux véritables coordinateurs faisant l'interface entre les soins médicaux, le volet social et administratif de la prise en charge. Ils vont s'appuyer en grande partie sur des solutions digitales pour remplir leurs missions. C'est une première étape dans le développement de ces nouveaux métiers.

La montée en puissance de la digitalisation du secteur va nécessiter la mobilisation de nombreux formateurs. Comme l'a démontré l'envolée de la téléconsultation durant la crise, ces besoins vont concerner au premier chef les professionnels de santé. Lors de son pic, 2/3 des médecins se sont débrouillés seuls pour s'approprier les technologies de téléconsultation et 1/3 a été formé par le fournisseur du service, des chiffres à inverser au plus vite avec des formations massives pour lever les freins des médecins, un sur deux se déclarant plutôt réfractaires, faute d'accompagnement.

Les patients également vont devoir être accompagnés et, contrairement aux idées reçues, ils sont pour la plupart déjà prêts à s'approprier les outils de demain. A l'exception des Français « illectronistes » (sans smartphone ni PC ou ne sachant pas s'en servir), les outils numériques sont largement présents dans les pratiques : en 2019, 80% des 40/59 ans, 62% des 60/69 ans et 44% des 70 et plus avaient un smartphone et 76% des Français en moyenne avaient un ordinateur à domicile. On sait que les achats d'équipements high-tech ont explosé pendant le premier confinement, que de très nombreux Français se sont familiarisés avec toutes sortes d'applications (cf. Doctolib) et ont saisi l'opportunité du Black Friday pour s'équiper.

Donc, si un patient sait gérer ses comptes bancaires et faire ses courses avec une application, il saura gérer son observance, ses examens, ses rendez-vous, etc.

Rassurer, Accompagner, Répondre aux besoins pour lever les freins

Les craintes sur la vie privée et la gestion des données constituent un des principaux freins à la généralisation du digital. Dans ce domaine également, les besoins en compétences à la fois techniques et juridiques vont créer des emplois.

Le fait que les applications santé sont pour la plupart non remboursées est justifié par l'absence de données cliniques prouvant leur intérêt pour les patients. Le parcours de Moovcare®, dispositif thérapeutique numérique de suivi du cancer du poumon, montre que c'est pourtant possible et bénéfique pour le patient comme pour le coût de la prise en charge. Il est d'ailleurs devenu un dispositif médical de classe I parce que les essais cliniques ont démontré une amélioration de la survie globale.

Cet exemple va susciter d'autres démarches de « certification » des solutions digitales. Toutes ces études cliniques seront génératrices de nouveaux emplois.

Le plus souvent, les applications ou les solutions digitales sont lancées sans information sur les attentes ou contraintes de utilisateurs. Ce développement massif et simultané des technologies et des ressources humaines soulève une question centrale, celle de l'adéquation entre les promesses en termes de service rendus et les usages réels : c'est l'avènement d'une approche basée sur l'étude de la customer-experience dans la santé.

Identifions les besoins préalables pour créer des réponses pertinentes, les motivations et les freins de telle ou telle population. Sélectionnons les leviers à mettre en œuvre pour vaincre les résistances, et améliorer les développements et les stratégies pour faire évoluer le secteur de la santé en 2021.

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