Bertrand Piccard en direct de la "COP26" : le malentendu financier de la transition écologique

LES TOPS ET LES FLOPS DE LA COP26. Les participants à la conférence de Glasgow ont évoqué hier les coûts de la décarbonation de l'économie, en articulant des montants astronomiques. Une approche pessimiste et, surtout, inadaptée estime Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse.
Bertrand Piccard en compagnie de Anne Hidalgo, Maire de Paris et candidate pour le PS au présidentielle 2022
Bertrand Piccard en compagnie de Anne Hidalgo, Maire de Paris et candidate pour le PS au présidentielle 2022 (Crédits : DR)

Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse, psychiatre et explorateur, auteur du premier tour du monde en ballon (1999) puis en avion solaire (2015-2016), tiendra durant cette quinzaine une chronique quotidienne des succès et des déceptions de ce rendez-vous crucial pour l'avenir de notre planète. Une exclusivité pour La Tribune et le quotidien suisse Le Temps.

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On a parlé gros sous à Glasgow hier. Avec des chiffres à donner le vertige: la secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Janet Yellen, a ainsi estimé que la transition mondiale vers la neutralité carbone coûterait entre 100 et 150 mille milliards de dollars («150 trillions» en anglais, soit un nombre à 15 chiffres). On a par ailleurs évoqué à longueur de sessions le «Green Premium» c'est-à-dire le différentiel de prix entre solutions propres et techniques polluantes actuelles . On présente ainsi la transition vers un monde durable comme compliquée, coûteuse et financièrement risquée.

Je vois les choses de manière diamétralement opposée.

Il existe actuellement sur le marché des solutions pour développer l'efficience, valoriser les déchets ou produire de l'énergie verte, qui sont déjà rentables et compétitives. Il est donc absurde de parler de risque économique et de «Green Premium». Tout comme il est absurde de répéter que la transition énergétique représente un coût (autrement dit de l'argent que l'on perd) alors qu'il s'agit d'un investissement (de l'argent qui rapporte).

D'ailleurs, d'autres acteurs du marché l'ont très bien compris, et le monde financier commence à se passionner pour cette transition écologique, comme en témoigne la multitude de colloques organisés sur ce thème à Glasgow. Lorsque l'on évoque des trillions comme s'il s'agissait de vider les caisses, on se trompe. Car les trillions sont déjà là, disponibles sur les marchés, notamment investis dans les énergies fossiles. Il s'agit seulement de les sortir des industries qui n'ont aucun avenir pour les réorienter vers des opportunités plus prometteuses et durables.

«La plus grande opportunité économique de notre époque»

Cela ne concerne pas seulement l'argent des banques et des investisseurs privés. Au lieu d'investir dans l'immobilier - et d'en faire grimper sans cesse les prix au risque d'alimenter une bulle spéculative - , ou de se rabattre sur des obligations au rendement décevant, les caisses de pension auront tout avantage à investir dans le futur énergétique. Prétendre que ces investissements sont risqués est une mauvaise excuse. Il y a certes un risque à investir dans la capture du carbone ou la fusion nucléaire, qui ne sont pas encore des techniques abouties, mais il n'y en a aucun avec la production d'énergies renouvelables, l'efficience énergétique et la valorisation des déchets, qui sont déjà des secteurs rentables aujourd'hui.

D'ailleurs, plus loin dans son propos sur les trillions de dollars de la transition, la Secrétaire au Trésor a quand même reconnu que la lutte contre le changement climatique est «la plus grande opportunité économique de notre époque». Voilà selon moi la partie qu'il faut retenir de son discours, pour créer une émulation encourageante et réaliste.

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Commentaires 7
à écrit le 04/11/2021 à 14:26
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Si les investisseurs privés évoquent des sommes astronomiques, c'est pour encore profiter des aides publiques et se mettre un maximum de subventions dans la poche. La dette des états financent les risques pendant que les actionnaires encaissent les p...

à écrit le 04/11/2021 à 10:04
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Compte tenu de tout ce dont dépend l'économie en matière d'énergies fossiles, il est illusoire d'espérer un retour de tendance avant l'épuisement de ces matières.

à écrit le 04/11/2021 à 10:00
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Investissez dans le monde paysan, c'est eux qui ont le véritable pouvoir le minimiser les conséquences des effets d'un changement climatique!

le 04/11/2021 à 10:55
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En réduisant fortement voire arrêtant l'élevage, fort générateur de méthane (les graines de chanvre décortiquées (la variété sans matières étonnantes), contient 4 acides aminés essentiels, et d'autres nutriments, elles pourraient remplacer la viande)...

à écrit le 04/11/2021 à 9:59
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Investissez dans le monde paysan, c'est eux qui on le véritable pouvoir le minimiser les conséquences des effets d'un changement climatique!

à écrit le 04/11/2021 à 8:33
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C'est pourtant la vérité, le coût de la vraie écologie est astronomique. En fait, être écologiste, c'est être pauvre, tout simplement. C'est renoncer au deux tiers de ce que nous offre la société actuellement. Qui est prêt à faire ce sacrifice ? Pers...

à écrit le 04/11/2021 à 8:18
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Ben oui pour les grosses feignasses qui détruisent le monde en ronflant il n'est pas pensable de bouger le moindre petit doigt, tandis que comme le disait Buffet les mégas riches ont gagné et font ce qu'ils veulent dans ce monde qui de ce fait s'effo...

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