Défense : la privatisation de DCI est une bonne nouvelle !

OPINION - L'opération de privatisation de Défense Conseil International (DCI) est un pas décisif dans la création d'un géant français du soft power. Benoit Bordat appelle à un soutien renforcé de l'État envers les opérateurs de sécurité et de défense privés, et souligne l'importance de définir leur rôle dans un contexte de compétition stratégique, notamment en Afrique. Un travail législatif devra être engagé. Par Benoit Bordat, député de la Côte-d’Or, apparenté au groupe Renaissance, à la Commission de la défense nationale et des forces armées, et président du groupe d’amitié France-Djibouti.
« Face à des acteurs étrangers de plus en plus dominants sur le marché mondial, il est temps pour la France de créer des leaders clés de la défense privée capables de rivaliser à l'échelle internationale » (Benoit Bordat, député de la Côte-d’Or, apparenté au groupe Renaissance).
« Face à des acteurs étrangers de plus en plus dominants sur le marché mondial, il est temps pour la France de créer des leaders clés de la défense privée capables de rivaliser à l'échelle internationale » (Benoit Bordat, député de la Côte-d’Or, apparenté au groupe Renaissance). (Crédits : DR)

Là où la compétition pour l'influence mondiale est plus intense que jamais, la France doit muscler ses ambitions et se doter des outils les plus efficaces pour renforcer son influence. Dans cette optique, la récente privatisation de Défense Conseil International (DCI), l'un des joyaux de l'expertise militaire française, s'avère être une décision audacieuse et stratégique. DCI, un acteur discret mais vital dans la projection du savoir-faire français en matière de défense, est désormais piloté par l'Agence pour la Diffusion de l'Information Technologique (ADIT). Cette acquisition par l'ADIT, visant à renforcer son propre positionnement dans le paysage mondial de l'intelligence économique, ouvre de nouvelles perspectives pour la France dans la guerre économique et le soft power.

Nouveaux marchés

Cette opération va permettre à DCI de bénéficier de l'expertise et du réseau étendu de l'ADIT dans le domaine de l'intelligence économique, et ouvre ainsi de nouvelles opportunités de croissance et de développement. Avec l'appui financier et stratégique de l'ADIT, DCI pourra renforcer ses activités historiques tout en explorant de nouveaux marchés, notamment en Afrique et en Europe de l'Est.

Certes, les voix des oppositions s'élèvent pour critiquer cette opération, craignant une perte de contrôle de l'État sur des activités aussi sensibles. Or soulignons que l'État demeure un actionnaire de référence pour DCI, et conservera une influence significative sur les orientations stratégiques de l'entreprise.

Vers de nouveaux instruments d'influence

Face à des acteurs étrangers de plus en plus dominants sur le marché mondial, il est temps pour la France de créer des leaders clés de la défense privée capables de rivaliser à l'échelle internationale.

À ce jour, les opérateurs de sécurité et de défense français peinent à trouver leur place dans un paysage où les doctrines et les soutiens étatiques font défaut. Le manque d'analyses et de commandes publiques dans les secteurs d'influence à l'étranger entrave leur développement et compromet leur capacité à s'imposer en comparaison avec les sociétés étrangères, notamment anglo-saxonnes et chinoises.

Cette situation contraint les opérateurs de sécurité et de défense à se développer de manière autonome, souvent en s'appuyant sur des bailleurs internationaux ou des pays étrangers demandeurs d'expertises militaires et sécuritaires.

Cessons de craindre l'intervention du secteur privé.

Rompons avec les dogmes idéologiques qui entravent encore trop souvent l'accès des entreprises, bénéficiant des compétences développées au sein des institutions nationales, aux marchés. La privatisation de DCI illustre parfaitement la voie à suivre pour les opérateurs de sécurité, y compris les Entreprises de Services et de Soutien à la Défense (ESSD).

En unissant leurs forces, DCI et l'ADIT ont créé un tandem plus musclé, et démontrent l'importance de la collaboration et de la fusion pour renforcer la présence française sur la scène internationale pour rivaliser avec succès sur des marchés souvent dominés par les opérateurs anglo-saxons.

C'est avec confiance et optimisme que nous devons accueillir cette nouvelle ère, qui offre des opportunités prometteuses pour l'ensemble des acteurs de la sécurité et de la défense privés en France. Les parlementaires doivent pleinement prendre leur part à ce nouveau tournant.

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Commentaire 1
à écrit le 29/03/2024 à 8:20
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"Benoit Bordat appelle à un soutien renforcé de l'État envers les opérateurs de sécurité et de défense privés" Non mais nous sommes bien d'accord que la haut ils ne font absolument plus la distinction entre ragent public et argent privé hein ? Si c'e...

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