Nous n’avons pas à rougir de notre engagement au Sahel !

OPINION - Que doit faire la France en Afrique un an jour pour jour après avoir mis fin à l'opération Barkhane au Sahel ? Les partenariats africains n'ont de sens que « s'il s'agit de partenariats authentiques guidés par une volonté commune : lutter contre les groupes armés terroristes et œuvrer concrètement pour la paix et le développement économique ». Par Jean-Michel Jacques, député Renaissance du Morbihan, membre de la commission de la défense et des forces armées et rapporteur du projet de loi de programmation militaire 2024-2030.
« Nous devons dire les choses comme elles sont : malgré les résultats significatifs sur le plan tactique, sans présence d'autorités locales volontaires sur le terrain pour lutter contre la corruption ou mettre en place localement l'aide au développement, la menace terroriste ne pourra pas disparaître du jour au lendemain  » (Jean-Michel Jacques, député Renaissance du Morbihan)
« Nous devons dire les choses comme elles sont : malgré les résultats significatifs sur le plan tactique, sans présence d'autorités locales volontaires sur le terrain pour lutter contre la corruption ou mettre en place localement l'aide au développement, la menace terroriste ne pourra pas disparaître du jour au lendemain » (Jean-Michel Jacques, député Renaissance du Morbihan) (Crédits : DR)

Il y a un an jour pour jour, le 9 novembre 2022, le président de la République, chef des armées, officialisait la fin de l'opération Barkhane. Cette annonce faisait alors suite, quelques mois plus tôt, à la réarticulation des forces armées françaises en dehors du Mali en raison de la dégradation des conditions politiques et opérationnelles liées au coup d'État. Dès lors que la lutte contre le terrorisme n'est plus la priorité pour les juntes issues de coups d'États, alors l'engagement militaire de la France sur ces territoires n'a plus sens. Le départ de nos militaires du Niger programmé d'ici à la fin de l'année s'inscrit dans cette droite ligne. Il s'agit d'un gage de lucidité et de crédibilité de notre politique étrangère.

La France n'a en aucun cas à rougir de sa contribution militaire au Sahel. Chacun mesure l'engagement indéfectible de nos soldats, aviateurs et marins contre le terrorisme. J'ai pour ma part, comme bien de nos concitoyens, une pensée sincère envers les cinquante-neuf soldats français morts sur ce théâtre d'opération difficile.

Une réussite qui ont enrayé la menace terroriste

Sur le plan tactique, nous ne saurions que trop le rappeler mais l'engagement militaire français dans la région a été une réussite, n'en déplaisent à certains détracteurs. Les opérations menées ont permis d'enrayer fermement la menace terroriste et de mettre en sécurité des milliers de civils. Comme l'a justement souligné récemment le ministre des Armées Sébastien Lecronu : « Nous avons été une solution pour la sécurité du Sahel ». Et pour preuve, depuis que nous avons été contraints de quitter certains théâtres par les nouveaux pouvoirs en place, le terrorisme a repris de plus belle : rien qu'en 2022 on ne compte pas moins de 2.500 morts liés au terrorisme au Burkina Faso et 1.500 au Mali. Cette situation est des plus inquiétantes et il est fort à parier hélas que celle du Niger suive la même direction.

La dégradation sécuritaire de ces États suite au départ des forces françaises ne relève pas de la responsabilité politique de la France mais bien de celle de certains gouvernants africains. Nous devons dire les choses comme elles sont : malgré les résultats significatifs sur le plan tactique, sans présence d'autorités locales volontaires sur le terrain pour lutter contre la corruption ou mettre en place localement l'aide au développement, la menace terroriste ne pourra pas disparaître du jour au lendemain.

Lutte contre le terrorisme

Au fond, nos « partenariats africains n'ont de sens que s'il s'agit de partenariats authentiques guidés par une volonté commune : lutter contre les groupes armés terroristes et œuvrer concrètement pour la paix et le développement économique. »En cela, notre pays restera fidèle aux États toujours engagés dans la lutte contre le terrorisme qui expriment explicitement le besoin d'un appui des forces françaises à leurs côtés, que cela prenne la forme d'opérations militaires ou d'actions de coopération et de formation comme au Sénégal, au Bénin ou en Côte d'Ivoire.

De plus, face aux tensions communautaires, aux vulnérabilités sur le plan social ou économique que tentent d'exploiter les groupes terroristes, nous devrons également veiller à coupler nos efforts sur le plan militaire avec des partenariats économiques, politiques et administratifs avec les pays concernés. Il en dépend de la réussite des objectifs posés conjointement avec nos partenaires, qui ne peut advenir que si elle s'inscrit dans un continuum effectif entre sécurité, défense et développement.

Des coopérations mutuellement bénéfiques

Continuer de faire de la France une puissance solidaire et partenaire de souveraineté est au cœur de la loi de programmation militaire 2024-2030. L'évolution du dispositif militaire français en Afrique s'inscrit dans ce cadre, de sorte à répondre spécifiquement aux attentes de chaque pays hôte et afin de nouer des coopérations mutuellement bénéfiques avec l'ensemble de nos partenaires. A chacun désormais de conserver sur la durée la teneur de son engagement politique, à préserver la relation de confiance qui nous lie et à regarder vers l'avenir.

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Commentaires 2
à écrit le 10/11/2023 à 6:50
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Bonjour, certe nous avons conduits une tres belle opération... Mais cela a service a quoi et a qui... Le terroristes viens du fait des ventre vide et du sous développement... l'Afrique du Nord n'est plus sous notre responsabilité. Que se soit poli...

à écrit le 09/11/2023 à 8:48
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Non en effet par contre on peut quand même se demander si ça valait le coup de sacrifier tant de soldats non ? Pour des intérêts financiers.

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