Les divisions sont démultipliées. Géographiques, sexuelles, ethniques, académiques, économiques ... seule une démocratie mature parvient à les calmer. C'est dans ce contexte électoral complexe que les Midterms furent ce que Donald Trump voulait qu'elles deviennent : un référendum pour ou contre Trump.
Un referendum pour ou contre Trump
Donald Trump, déjà en campagne pour 2020, a totalement vampirisé l'espace politique républicain. Multipliant les meetings, il s'est posé comme l'enjeu central du scrutin national. Il a noyé la ligne de campagne officielle du Parti qui s'appuyait sur l'essor de l'économie, du pouvoir d'achat et de l'emploi, par un matraquage émotionnel nativiste sur l'identité et les menaces sociétales. Se positionnant en figure centrale, comme une sorte de super héro rempart ultime de l'Amérique. Si défaite il y a eu à la Chambre des Représentants, il faut souligner l'arrivée, à Washington ou dans les capitales d'états, de républicains que l'on pourrait qualifier de « Trumpiens » remplaçant ceux de la vieille élite républicaine.
Trump a vampirisé le Parti républicain
Finalement il y a comme une Trumpisation en cours du Parti Républicain. Rappelons-nous, au moment de sa nomination comme candidat du parti, Trump était loin d'être considéré comme un membre de la famille par l'establishment républicain. Président, il fut accepté par un parti certain de pouvoir le façonner. Regardons les choses en face, aujourd'hui c'est lui qui a détourné le vieux Parti républicain en Parti de Trump, le sien propre. Leurs destins sont liés. 2020 est en ligne de mire. Les militants et les élus vont se ranger derrière un leader omniprésent, un Président sortant qui va incarner le Parti républicain dans un programme simple et clair, un contexte économique prometteur et des adversaires devenus majoritaires à la Chambre des Représentants que Trump pourra même accuser d'avoir saboté ses réformes voire même se victimiser.
Les démocrates ont sauté sur l'occasion
De leur côté, les démocrates de la vieille garde centriste à la nouvelle génération plus à gauche ont ouvert grand les bras à la proposition faite par Trump du réferendum. Ils ont plongé tête baissée dans ce qui est devenu un épisode de la série Trump. Au nativisme trumpien, ils opposèrent une Amérique multiculturelle incarnée par leur offre politique : candidats et discours. Le message électoral était devenu très simple : Donald Trump n'est pas l'Amérique et le « trumpisme », cet alliage qu'ils définissent comme autoritaire, populiste et nativiste, ne définit pas l'Amérique.
Un Parti démocrate renouvelé, mais divisé
Au-delà d'une victoire modeste, ils ont gagné la Chambre des Représentants, mais demeurent loin derrière la majorité républicaine au Sénat, c'est un Parti démocrate renouvelé qui fait son entrée à Washington et dans les parlements des états. La candidature de Bernie Sanders à l'investiture présidentielle démocrate a fait des petits. Si la majorité centriste vieillissante se sauve et conserve le contrôle de l'appareil démocrate, une nouvelle génération, encore minoritaire, venue de la gauche du parti va peser plus fortement, convaincue qu'elles représentent l'avenir du parti. Et si les stars de cette tendance ont été pour la plupart battues, celles et ceux qui entrent au Congrès reflètent de plus en plus la diversité des électeurs du parti.
Barack Obama revenu de sa retraite de chez Netflix a dû mouiller la chemise
Dans l'optique de 2020, voici donc la force et la faiblesse du Parti démocrate. Une base électorale, un marché politique prometteur qui s'élargit, mais une diversité telle qu'il peut être délicat de créer une plateforme claire et rassembleuse. Et à 2 ans du rendez-vous, aucun leadership ne s'est affirmé et donc potentiellement les démocrates se dirigent vers une nouvelle primaire conflictuelle. Revenu de sa retraite de chez Netflix, l'icône Barack Obama a du mouiller la chemise dans la bataille anti Trump. Tout en renforçant encore l'audience de la série Trump.
Donald Trump, favori pour 2020 ? Les Européens que nous sommes et nos responsables politiques, Emmanuel Macron en tête, devraient l'anticiper !
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Par Jean-Christophe Gallien
Politologue et communicant
Président de j c g a
Enseignant à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals
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