Encourageons les banques à devenir moteur de la rénovation énergétique

OPINION. Le combat contre les passoires énergétiques apparaît comme un levier essentiel pour atteindre des objectifs climatiques nécessaires et ambitieux. Alors que l'examen du Projet de loi de finances 2022 se poursuit au Parlement, la question du financement de la rénovation énergétique doit revenir sur le devant de la scène. Par Frédéric Utzmann, co-fondateur d'Effy, et Pierre Chapon, co-fondateur de Pretto.
(Crédits : Mike Fouque)

Le constat est sans appel : si de plus en plus de Français prennent conscience de la nécessité d'entreprendre des travaux de rénovation énergétique chez eux, le manque de moyens financiers reste le frein numéro un quand il s'agit de passer à l'action. Dans plus de 4 cas sur 10, le projet de travaux est ainsi abandonné en raison de son coût jugé trop élevé[1].

Une place trop souvent négligée

Aujourd'hui, le financement des chantiers est en grande partie assumé par l'État, au travers de l'aide MaPrimeRénov', et par les fournisseurs d'énergie, avec le dispositif des primes CEE. Nous déplorons qu'à leurs côtés, la place des banques soit encore trop souvent négligée. Ce sont pourtant elles qui se trouvent en première ligne lors de l'achat d'un bien immobilier. Elles ont donc un rôle fondamental à jouer dans la rénovation énergétique de ces biens pour éviter leur  dévalorisation patrimoniale voire même demain l'interdiction de leur mise en location après les évolutions récentes relatives au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) et à l'interdiction de location des passoires thermiques.

L'examen du projet de la loi de finances 2022 entend déjà élargir le rôle des  banques dans le financement de la rénovation énergétique. Ainsi, l'éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ), un prêt à taux nul accordé sans condition de ressources pour financer le reste à charge des travaux d'économies d'énergie, a été prolongé jusqu'à fin 2023 et simplifié dans son instruction. Quant au plafond du montant d'emprunt jusque-là fixé à 30.000 euros, il a été remonté à 50.000 euros.

Des leviers incitatifs

Ces annonces vont dans le bon sens mais il est indispensable d'aller encore plus loin pour que les banques deviennent des acteurs à part entière de la rénovation énergétique. Et nous sommes convaincus que plusieurs leviers peuvent rapidement être activés pour les aider à se saisir pleinement du sujet.

Des leviers incitatifs tout d'abord : nous faisons aujourd'hui le constat que l'éco-PTZ est encore trop faiblement proposé aux ménages modestes. Seuls 7 % des 42.000 éco-PTZ délivrés en 2020 l'ont été pour des ménages modestes[2]. Il faut inciter les banques à le distribuer davantage en augmentant de manière significative leur rémunération en contrepartie d'une obligation quantitative dans la distribution de ce prêt.

Des leviers financiers également : nous nous étonnons qu'aujourd'hui, l'enjeu énergétique n'entre toujours pas en compte dans l'appréciation du taux d'endettement pour décrocher un crédit, aujourd'hui limité à 35 % pour tous les projets. Relever ce taux maximum à 37% ou 38% pour autoriser le financement de travaux de rénovation énergétique permettrait aux ménages de valoriser leur bien tout en allégeant leur facture. Un véritable cercle vertueux pourrait alors s'installer : une facture réduite, c'est un pouvoir d'achat augmenté et une charge mensuelle allégée, c'est un risque crédit amoindri.

Une réduction de l'empreinte carbone

Rappelons également qu'aujourd'hui, pour limiter leur impact carbone très souvent pointé du doigt, les établissements bancaires s'engagent de plus en plus pour réduire leurs investissements fossiles. Une démarche dont semblent pour l'instant être exclues les activités de retail banking en général et le crédit à l'habitat en particulier. Pourtant, la mobilisation des banques autour des enjeux de rénovation énergétique des logements pourrait représenter un levier majeur de réduction de leur empreinte carbone.

_________

[1] Étude Kantar pour Effy - Avril 2021

[2] Étude Effy - Novembre 2021

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.